C'est un cri de colère que le ministre de la Justice, Tayeb Louh, a lancé jeudi devant les cadres de l'Ecole supérieure de la magistrature. Le garde des Sceaux s'est offusqué du fait que des centaines d'élèves ont été admis à cette école avec une moyenne de 7 à 8. Le ministre promet de revoir les critères d'accès au cursus de la magistrature et annonce une réforme ciblée de la justice. Il est inadmissible de continuer à accepter des candidats à la magistrature avec une moyenne de 7 ou de 8. Des dizaines de promotions ont été formées avec de telles notes. Nous ne pouvons pas former de magistrats avec des niveaux aussi bas.» Les propos du ministre de la Justice, Tayeb Louh, font l'effet de douche froide pour le directeur de l'Ecole supérieure de la magistrature (ESM). C'était jeudi dernier, lors de la visite d'inspection du garde des Sceaux à l'ESM, accompagné des cadres de son ministère et du wali d'Alger. «Une révision des conditions d'accès à l'Ecole de la magistrature est aussi obligatoire qu'urgente. Chaque année, nos universités forment 200 000 à 300 000 étudiants. L'école n'acceptera que les meilleurs d'entre eux. Ce sera une école d'élite et non pas de recalés», a-t-il ajouté. Très au fait des étapes de la formation, le ministre ne laisse aucun détail sans remarque. Il estime que le taux de 22% d'enseignants universitaires qui assurent des cours à l'école n'est pas suffisant et doit être revu à la hausse. Il dénonce aussi les retards enregistrés dans la réalisation de la deuxième école, à Koléa, inscrite en 2008. Tayeb Louh fait remarquer que la vision de la réforme consiste en «des actions ciblées» à court et moyen termes. Pour lui, les milliers de magistrats sortis des écoles ces dernières années auront d'énormes problèmes pour exercer en raison du manque considérable de juridictions. Il s'attaque avec virulence à la conception des infrastructures judiciaires. «Les cours et les tribunaux manquent de salles d'audiences. Le tribunal d'Alger, construit il y a plus d'un siècle, dispose de sept salles d'audience, alors que la Cour d'Alger, réalisée voici quelques années, n'en dispose que de cinq et est aujourd'hui saturée. Les magistrats doivent attendre qu'un de leurs collègues termine pour qu'ils puissent siéger. Est-ce une vision normale ? Nous sommes obligés de construire une nouvelle cour, mais cette fois aux normes internationales», a-t-il précisé. Durant un long moment, le ministre a fait l'éloge de la Commission de réforme judiciaire qu'avait présidée le défunt Mohand Issaâd, auquel il a rendu hommage.