Le parquet général près la cour d'Alger a ordonné, hier, l'ouverture d'une enquête judiciaire suite au décès, mercredi 28 juin 2006, de nouveau-nés à l'hôpital Neffisa Hamoud de Hussein-Dey (ex-Parnet), a indiqué un communiqué de la cour d'Alger, repris par l'APS. Sans préciser le nombre de victimes, le parquet général impute le décès à « une contamination d'origine inconnue ». L'objet de l'enquête déterminera, selon la même source, les raisons et les conditions de « l'incident ». Il est à signaler par ailleurs que les premiers résultats de l'enquête épidémiologique sur le décès des sept nouveau-nés, en l'espace de cinq jours, du 25 au 29 juin, à l'hôpital Parnet (Alger), écartent toute cause liée aux infections nosocomiales, selon les membres de la commission d'enquête présidée par M. Ouahdi, directeur de la prévention au ministère de la Santé. Dans une rencontre avec des journalistes, les membres de la commission, dont le professeur Soukehal, chef de service d'épidémiologie à l'hôpital de Beni Messous, le docteur Terfani du ministère de la Santé, le professeur Bouzekrini, chef de service de gynécologie-obstétrique, et M. Djefal, le directeur de l'hôpital, ont assuré que les sept bébés ne sont pas décédés de la même cause. Avant d'aller dans le détail concernant l'affaire des sept bébés, les membres de la commission ont tenu à présenter les statistiques relatives à la mortalité infantile enregistrées depuis le mois de janvier 2006 à ce jour. 57 nouveau-nés sont décédés depuis le mois de janvier. Le docteur Terfani a noté que 10 décès ont été enregistrés au mois de janvier, 10 en février, 9 en mars, 10 en avril, 11 en mai et 17 au mois de juin. « C'est-à-dire du 1er juin au 28 juin », a expliqué le docteur Terfani. Concernant les sept bébés, a-t-il signalé, le premier cas était d'un faible poids (prématuré) et seulement de 31 semaines, c'est-à-dire de 6 mois et demi. La prématurité est un facteur de risque, a fait remarquer le docteur Soukehal. Les bébés de cet âge ne survivent pas généralement, a-t-il expliqué. Les deux autres bébés, des jumeaux, sont morts suite à un hématome rétroplacentaire. Ces derniers n'avaient, en fait, que 33 semaines. Le troisième cas est un bébé né avec une malformation du tube digestif ayant nécessité une colostomie, le sixième cas est mort d'une méningite néonatale et le septième a fait une infection généralisée, une septicémie, suite à la rupture prématurée des membranes. Ce qui a provoqué une invasion de l‘utérus par un germe multirésistant dont la maman est porteuse. Ces éléments de l'enquête sont finalement identiques aux explications données dans le communiqué de jeudi du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Les membres de la commission ont, par ailleurs, soulevé les problèmes rencontrés par cette structure dans la prise en charge des accouchements et des nouveau-nés. Le professeur Bouzekrini a tenu à préciser que le personnel (les médecins, les sages-femmes et les infirmières) fait preuve d'une grande disponibilité et « aucun d'entre eux n'a failli à sa mission. Nous travaillons d'arrache-pied 24h sur 24h. Malgré la surcharge que connaît le service, le personnel n'a pas été défaillant ». Le professeur Soukehal a souligné que, pour l'année 2005, 7525 accouchements ont été assurés par les services de gynécologie-obstétrique de l'hôpital pour une capacité seulement de 130 lits. « Soit une moyenne de 23 accouchements par jour dont 17% de césariennes. Nous n'avons pas une seconde de répit », a ajouté le chef de service, le professeur Bouzekrini. Le directeur de l'hôpital, M. Djefal, a, quant à lui, mis l'accent sur le flux enregistré au sein de son établissement. « Nous avons toujours travaillé à ce rythme. Le nombre d'évacuations à partir des différentes structures hospitalières des villes du pays dépasse l'entendement. Suite à la fermeture de la clinique Durando à Bab El Oued et de la maternité de la clinique des Glycines pour rénovation, notre service est submergé, mais nous n'avons jamais renvoyé qui que ce soit. Le personnel a fait des miracles. Ce service date de 1956 et continue à travailler avec les mêmes capacités d'accueil », a-t-il signalé, en précisant que l'activité se poursuit même après le décès des nouveau-nés. Il a déclaré qu'entre les 26 et 27 juin, chiffres à l'appui, le service a assuré 25 accouchements et 5 césariennes. Entre les 27 et 28 juin, 27 accouchements ont été enregistrés avec 5 césariennes. En attendant, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Amar Tou, n'a pas encore rendu publics officiellement les résultats définitifs de l'enquête.