Sétif est en congé sabbatique forcé. Jadis belle et propre, la capitale des Hauts plateaux tombe dans la décrépitude. Le vieux slogan «Sétif ville propre» ne tient plus la route. Même si certains amnésiques ne veulent toujours pas voir la triste réalité en face. Mis entre parenthèses, de nombreux quartiers pataugent dans l'insalubrité. Délabrée le cadre de vie de l'agglomération, s'engouffrant dans un tunnel noir, exacerbe les nostalgiques d'un temps révolu. Irrégulier dans de nombreux endroits de la périphérie, le ramassage des ordures est l'autre talon d'Achille de la cité. Sétif, la travailleuse, l'exemple, est mise en veilleuse. Référence dans un passé pas lointain, l'antique Sétifis dégringole. On lui impose l'hibernation. La passivité, pour ne pas dire la complaisance et complicité de ses élus est dans une certaine mesure responsable des malheurs de la cité séculaire. Mieux encore, les actes cèdent la place aux promesses sans lendemain. Même le bricolage s'est lui aussi inscrit aux abonnés absents. Pour preuves, les rares feux tricolores disponibles sont en panne depuis la nuit des temps. Indisposant les automobilistes, la carence décriée à maintes reprises, n'offusque personne. La réparation de 3 feux rouges devient une affaire d'Etat à Sétif. Eventré, le réseau routier voit rouge. Mobilisés pour redorer le blason des chemins troués, des milliards somnolent dans les caisses. Annoncé en grande pompe, le tri sélectif et la parabole collective restent des vœux pieux. Ayant fait l'objet de séquences télévisées commandées par le chef, les deux opérations font partie des actions «momifiées». Hormis le terre-plein de l'avenue principale, les autres espaces verts tombent dans l'oubli. Le square de la cité Cheminot en est le parfait exemple. Mal conçus et mal entretenus, des regards et avaloirs submergés par les averses de mardi soir s'incrustent dans le paysage d'une cité broyant du noir.