Censés être des lieux de vie conviviale, les transports en commun se transforment souvent en espaces où émergent des violences gratuites. Les transporteurs privés sont souvent montrés du doigt : « Le comportement malveillant et d'incivilité de certains receveurs sont légion dans les bus », dénoncent souvent les usagers. Comment réagissent ces derniers ? Que peuvent-ils faire ? Plongés dans les transports en commun à Oran où émergent souvent la délinquance et les incivilités. Une demi dizaine de jeunes, parqués à même le trottoir, s'agite à la vue du bus orange qui dessert la ligne 31. « Je n'aime pas prendre le bus avec ma femme. Je préfère le prendre tout seul. Je ne supporte plus les agressions verbales et les ordres des receveurs. Je n'aime pas les gens qui me crient : avancez, reculez, si vous n'êtes pas contents prenez un taxi… », soupire l'un d'eux. « C'est vrai que, enchaîne-t-il, souvent, ça chauffe, surtout quand il y a beaucoup de monde aux heures de pointe où il arrive souvent que les choses dégénèrent », explique Moussa. Anarchie à bord « Si vraiment ça tourne mal, dit-il, c'est parce qu'on n'a que des paroles désagréables à se faire entendre… » Si le retour de l'Etat comme prestataire de service à travers la création de l'entreprise des transports a été jusque là plutôt bien accueillie par les usagers, qui lui concèdent le fait d'avoir réussi –pour le moment- à réhabiliter un service public de qualité, ceci est loin, très loin, d'être le cas pour les transporteurs privés qui attisent souvent le mécontentement des usagers. Dans un langage vif, ponctué de gestes appuyés, notre interlocuteur témoigne encore avec une certaine hargne, qu'il est loin de prendre un certain plaisir à prendre le bus le matin pour se rendre au travail. « Parce qu'il y a, se plaint-il, des gens dits « receveurs » qui aiment bien jouer au rabat-joie, pour incarner « l'autorité », comme il dit, pour gagner 10 dinars ! » « Et s'ils ne font systématiquement que bafouer toutes les règles du service public, c'est toujours avec mauvaise humeur », regrette-t-il. Et à un de ses copains de le paraphraser : « Il est une scène qui résume peut être toute l'ambiance qui règne à l'intérieur des bus. Elle s'est déroulée, hier, à l'un des arrêts de bus du centre-ville. A peine sorti du bus qui venait de marquer son arrêt, que le receveur lança à l'adresse d'une jeune femme : Madame, quand vous rentrez chez vous, vous ne passez pas par la fenêtre, n'est ce pas ?. Gênée et vexée, la demoiselle rebrousse chemin et se résigne à ne pas monter dans le bus. » Comme quoi, l'atmosphère est loin d'être détendue !