La violence se banalise non seulement dans des lieux réputés à risques, mais aussi dans les espaces les plus familiers, à l'instar des transports en commun. En ce sens, les exemples sont légion. Il y a à peine quelques jours, une scène de violence verbale a eu lieu dans un bus reliant la gare routière à Bab Essebt (centre-ville de Blida) mettant aux prises un jeune d'à peine 20 ans, receveur du bus, à une dame, la cinquantaine dépassée. La prise de bec s'est vite transformée en un échange de coups de poing et de coups de tête, ce qui aurait pu causer l'irréparable n'était l'intervention des passagers. Dans la mêlée, des usagers ont même été malmenés par le receveur selon leurs témoignages. Le bus, selon les dires des témoins, a continué sa course jusqu'au centre-ville sans que son personnel ne soit inquiété. Malheureusement, cet incident n'est pas une exception puisque l'on assiste souvent aux mêmes scènes dans les bus du secteur privé. D'aucuns s'interrogent, d'ailleurs, sur le rôle de la direction des transports quant à veiller à ce que les transporteurs respectent au moins le minimum que suppose la notion de service public. Des scènes de transporteurs en course folle pour le « ramassage » d'infortunés usagers, des démarrages en trombe, des sens interdits non respectés, des piétons heurtés même sur des trottoirs... sont chose courante ! Expliquant les raisons de ce marasme que connaît le secteur des transports en commun, Boukri Djillali, président de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA - bureau de Blida), soutient que 2001 constitue la date à partir de laquelle ce secteur s'est progressivement transformé en un « fourre-tout ». La crise d'alors, caractérisée par un déficit de moyens de transport, explique, selon les dires de notre interlocuteur, l'ouverture anarchique du secteur. « Avant 2001, le dossier du prétendant à la fonction de chauffeur de transport en commun passait par le filtre d'une commission constituée d'anciens du métier qui avaient à donner leur avis sur la personne. Mais par la suite, les procédures ont complètement changé », regrette-t-il. Il affirme, par ailleurs, que l'UGCAA, qui a une section dédiée au secteur du transport, avait déjà proposé à la tutelle, il y a trois ans de cela, de faire subir des stages de formation sur l'éthique du métier aux jeunes chauffeurs et receveurs de bus avant que ces derniers n'investissent le terrain. Mais jusque- là, a-t-il ajouté, cette proposition n'a pas eu de suite. Contacté, M. Ben Salem, directeur du transport au niveau de la wilaya de Blida, nous a indiqué, pour sa part, que sa direction ne peut assumer dans les normes la fonction de contrôle d'un parc de transporteurs aussi important que celui de la wilaya de Blida. « Nous sommes déficitaires d'environ 40 postes d'emploi pour mener comme il se doit notre mission en tant que direction des transports », dira-t-il. Sur le plan des chiffres, notre interlocuteur fait état de 884 PV pour des cas d'infractions enregistrées en 2008, et de 195 PV établis du 1er janvier 2009 à ce jour. Par ailleurs, les responsables du secteur s'accordent à reconnaître qu'en cas de dépassement, le citoyen ne sait souvent pas à qui s'adresser, ni ne fait le geste nécessaire en réclamant son ticket ou en notant en bonne et due forme les coordonnées du bus en cas de le litige. Quoi qu'il en soit, les citoyens ne cessent de déplorer l'état déplorable dans lequel se trouve le secteur des transports en commun à Blida.