Guerre des mots, insultes, injures… Les députés ont failli en arriver aux mains, n'était l'intervention des agents de sécurité. Le climat était tendu dès le début des débats autour du plan d'action du gouvernement. Les députés du FLN se sont acharnés contre les partis de l'opposition qui ont osé dénoncer la fraude qui a entaché le scrutin du 17 avril. Ces élus n'ont pas également digéré la revendication du PT et du MPA concernant la dissolution de l'Assemblée. Mais ce qui s'est passé lundi est qualifié de gravissime par certains députés. Il était 20h30, la parole est donnée à la député Nadia Chouiter du Parti des travailleurs. Avant d'aborder le contenu du document, Chouiter a expliqué pourquoi son parti demande la dissolution d'une institution qui est devenue, au fil des années, une caisse d'enregistrement. Pour elle, il est nécessaire d'organiser une élection anticipée dans le cadre d'une réforme politique. «Nous revendiquons une Assemblée forte et pour arriver à renforcer le rôle de cette institution, il faut assainir le climat politique et séparer l'argent sale du politique», s'est exprimée Mme Chouiter, qui précise que le plan d'action du gouvernement manque de cohérence et de précision. A ce moment-là, Mme Chouiter a été chahutée par les députés du vieux parti qui ont commencé à frapper sur les pupitres, l'empêchant de poursuivre son intervention. Nadia Chouiter interpelle le président de l'APN, mais celui-ci prend position contre elle en lui demandant d'axer son intervention sur le contenu du plan d'action. Irritée, la députée rappelle au président de l'Assemblée que, depuis le début des débats, les élus du FLN ont été hors champ et se sont fendus d'insultes à l'encontre des partis de l'opposition. Un député du mouvement El Amel s'est levé pour filmer la scène, il a été malmené et lynché par les députés du FLN. La députée Chouiter dénonce le parti pris du président. «J'ai été censurée et violentée par les élus du FLN. M. Ould Khalifa est le président de l'Assemblée et non du FLN. Il y a eu un dépassement moral et un non-respect de l'éthique et de la politique. Les députés de la majorité ont peur du débat contradictoire», assène Mme Chouiter, dénonçant ce qu'elle qualifie d'atteinte à l'immunité parlementaire et à la liberté d'expression. «Au lieu de m'attaquer sur le terrain politique, les députés FLN ont préféré l'injure. Ils sont à court d'arguments», estime la députée. Hier, certains députés du FFS n'ont pas été tendres avec le gouvernement, ils ont estimé que son plan d'action manque d'outils concrets devant aider à la création d'emploi et de richesse, ajoutant qu'il a prévu de renforcer la lutte contre la corruption mais sans définir les mécanismes pour mener cet objectif. «Le plan d'action du gouvernement devrait être élaboré sur trois éléments qui sont la fixation des objectifs, la stratégie et les moyens pour sa réalisation, mais nous avons remarqué que ces étapes n'étaient pas prises en considération», ont indiqué les élus du FFS. Le député Berkaine a souligné que le Premier ministre n'a pas révélé la façon avec laquelle le plan sera réalisé ni abordé les moyens nécessaires pour sa réalisation. «C'est un plan ambigu qui reflète le manque de volonté et de sérieux du gouvernement. Mais nous savons tous que nos propositions et nos critiques ne seront pas prises en considération», note le député.