Au deuxième jour des débats hier, rares étaient les élus qui ont apporté une analyse et des critiques fondées sur des articles précis du texte.La majorité s'est lancée dans les formules de compliments et de félicitations à l'égard de Bouteflika pour sa reconduction pour un troisième mandat à la tête de l'Etat et Ouyahia au poste de Premier ministre. Néanmoins, certains députés n'ont pas manqué de relever, encore une fois, l'absence de mécanismes de contrôle de l'Exécutif, notamment une loi de règlement budgétaire permettant aux députés de jouer pleinement leurs rôles dans le contrôle des dépenses publiques inscrites dans les lois de finances. Mme Saliha Djefal, députée du parti majoritaire à la chambre basse (FLN), a revendiqué la présentation dans les plus brefs délais de la loi organique relative aux lois de finances pour qu'elle soit débattue et approuvée par l'APN. L'intervenante pense – un avis partagé d'ailleurs par plusieurs députés – que l'application de ce cadre juridique va permettre au Parlement de jouer un rôle plus important dans la vie économique du pays et d'assurer plus de transparence dans les dépenses publiques octroyées à chaque secteur. « Nous ne comprenons pas pourquoi ce projet de loi tarde a être présenté devant le Parlement par le ministère des Finances, alors qu'il a été déjà approuvé par le gouvernement depuis des mois », s'est interrogée la députée du vieux parti, qui estime que les questions orales, à elles seules, demeurent insuffisantes en matière d'interpellation du gouvernement. « Comment peut-on parler d'un contrôle parlementaire lorsque le député qui a un mandat national est complètement ignoré au niveau local, c'est bien beau de parler de complémentarité, mais sur le terrain, le député ne rencontre le wali qu'occasionnellement », regrette l'intervenante, qui estime que la responsabilité de cette situation n'incombe pas uniquement au gouvernement, mais aussi au député qui jouit d'un statut, mais qui ne l'utilise pas pour arracher ses droits. Plusieurs élus ont expliqué que le plan d'action du gouvernement est global et traduit les préoccupations du président de la République, mais le problème, selon eux, n'est pas le contenu mais l'application de ce programme. Plus précise, Nadia Chouit du PT aurait souhaité que le Premier ministre soit plus explicite dans sa plaidoirie afin que le débat soit plus riche. « Le Premier ministre n'a pas révélé les voies et moyens que l'Exécutif compte utiliser pour l'application de son programme, d'où notre handicap concernant l'analyse du document », a-t-elle soutenu. Cette dernière a interpellé le Premier ministre sur la finalisation des statuts des différents corps de la Fonction publique ainsi que la révision du régime indemnitaire. « Vous ne faites aucunement référence à cette problématique qui est à l'origine de la colère des fonctionnaires dans votre plan », a indiqué Mme Chouit à l'adresse de M. Ouyahia. D'autres sujets ont été effleurés par les députés tels que l'investissement, l'agriculture, la pêche, l'industrie ainsi que les répercussions de la crise économique mondiale sur l'Algérie. Les députés du PT, fidèles à leur position, ont critiqué l'accord d'adhésion de l'Algérie à l'UE ainsi que l'entrée dans la Zone arabe de libre-échange. Plusieurs élus de la chambre basse ont appelé à la réduction de l'importation de la main- d'œuvre étrangère qui, selon eux, nuit au marché de l'emploi en précisant que le recours à cette main-d'œuvre n'est nécessaire que lorsqu'il s'agit de secteurs nécessitant un savoir-faire particulier. Les députés ont aussi demandé au gouvernement de réguler le marché et surtout d'encourager la production nationale, ajoutant que « les importations massives de biens de l'Algérie peuvent nuire, voire casser l'économie ». Par ailleurs, les intervenants ont exposé les problèmes liés à leurs localités. Ils ont mis, entre autres, l'accent sur la nécessité de désenclaver les zones rurales du pays à travers le renforcement des projets de développement, notamment dans les Hauts-Plateaux et le Sud. Concernant la crise financière et économique mondiale, certains députés ont interpellé le Premier ministre pour une meilleure maîtrise de la gestion des gros projets d'investissement publics vu leur importance socioéconomique et le volume des financements engagés. Durant 5 jours, 266 députés sont inscrits pour intervenir à l'APN afin de décortiquer le contenu du projet de plan d'action du gouvernement.