-Vous annoncez que vous porterez plainte à Alger et à Paris contre le secrétaire général du FLN pour blanchiment d'argent. Avez-vous des preuves ? Amar Saadani est le chef du parti de l'indépendance algérienne. De fait, il est le représentant moral de 1,5 million de nos martyrs, morts pour l'honneur, la justice et la liberté en Algérie. A ce titre, plus que tout autre chef de parti, il a le devoir de l'exemplarité. Si j'ai décidé de porter plainte contre Amar Saadani, c'est parce que dans toute démocratie, les élus doivent être irréprochables dans leur comportement et dans leur train de vie. La presse française a révélé, le mois dernier, que la famille Saadani possédait des «biens mal acquis» en France. En tant que citoyen algérien soucieux de l'image de mon pays, j'ai demandé dans un premier temps à la direction du FLN d'enquêter sur ces accusations afin de déterminer ce qui est vrai et ce qui est faux. Je n'ai pas eu de réponse. Dans un second temps, j'ai invité le patron du FLN à démissionner temporairement de la direction du parti afin d'avoir le temps de se défendre. Pas de réponse non plus. Enfin dans un troisième temps, j'ai écrit à l'ambassade d'Algérie à Paris afin d'enquêter sur cette affaire qui ternit l'image de notre pays à l'étranger. Pas de réponse à ce jour. -Vous allez donc déposer une plainte ? Cette plainte que je déposerai les 29 et 30 juin à Alger et à Paris, à l'occasion du 22e anniversaire de la mort de feu Mohamed Boudiaf, est donc l'aboutissement d'un processus d'interrogations qui n'a pas obtenu de réponses satisfaisantes. J'ai publié, sur ma page facebook, les statuts de la société civile immobilière (SCI) qui gère plusieurs biens immobiliers de la famille Saadani en France depuis 2009. C'est une preuve irréfutable de la possession par cette famille d'au moins un bien d'une valeur de 800 000 € (90 millions de dinars) à Neuilly-sur-Seine, ville dont Nicolas Sarkozy était le député-maire. -Amar Saadani affirme ne rien posséder à Alger… Si Amar Saadani dit qu'il est innocent, il suffit alors qu'il présente les justificatifs d'un prêt immobilier qui lui a permis d'acquérir ce bien de 800 000 € ou de justifier la provenance des fonds si l'achat a été fait par un virement bancaire. Si le patron du FLN apporte ces éléments, je suis prêt alors non seulement à lui présenter mes excuses, mais à cesser immédiatement cette plainte à Alger et à Paris. Dans le cas contraire, je crois que le peuple algérien et le président Abdelaziz Bouteflika, qui a fait de la lutte contre la corruption une priorité de son 4e mandat, ont besoin de savoir la vérité. -Il ne serait pas le seul à avoir des biens immobiliers en France. Allez-vous faire de même pour les autres ? J'ai été élevé dans le respect de la présomption d'innocence. Tant que je n'ai pas d'éléments matériels ou de preuves éclatantes de l'implication d'un homme politique dans une affaire de détournement de fonds ou de blanchiment d'argent, je préfère rester sur ma réserve. Je souhaite que cette affaire Saadani soit un signal fort pour l'ensemble de la classe politique algérienne, pour que la transparence et l'exemplarité soient de mise dans l'Algérie d'aujourd'hui et de demain. C'est le souhait du peuple algérien.