Mon premier accident était sur une mobylette à 13 ans ! Je l'avais volée à mon frère du marché et j'avais fait une chute sur la route menant à la mer du côté de Oued El Alleug au mois de mai de l'année 1961. » Volubile, le toujours jeune Rachid Rédha Alouani dit Laouami (59 ans), bien connu de toute la ville de Blida et des grandes villes d'Algérie où il avait participé à nombre de rallyes, circuits et courses de côte, se range ce jeudi avec l'organisation de son jubilé par la Fédération de motocycle sur une idée de Hadj Moumeni de Sidi Bel Abbès à l'occasion de la course de côte Blida-Chréa. Rachid, gros ventre aujourd'hui et qui fut de toutes les batailles rangées de Blida, de la jeunesse yé-yé, avait osé répondre en 1975 à sa jeune épouse qui avait osé lui demander de choisir entre elle et la moto : « Tu peux partir ! » Elle est restée et elle eut plusieurs fois l'amère occasion de lui changer les pansements. Sa bande composée des Boudjakdji, Hassen Bey, Aliouet, Tiaïba, Fekiri dit Faty, Kessoum et des regrettés Hamida et Hamici n'avait pas les moyens de s'affilier à l'Auto karting club Mitidja que présidait feu Gacem Ahmed. Le groupe constituera cependant la Ligue des sports mécaniques de Blida avec deux clubs affiliés et qui furent l'USMB et le FCMB. Les sections rattachées aux clubs cités avaient touché un budget annuel de 70 000 DA pour toute une année, mais ce fut une animation hors pair avec l'organisation de courses de côte, de circuits en ville et de participations à de nombreuses courses à travers le territoire. Laouami raconte avec force détails sa seconde place à Sidi Bel Abbès pour cause d'une malheureuse fiche d'alimentation, alors qu'il menait devant Laref Mimoune. Avec Aliouet, un autre athlète et ami, des chiffres astronomiques sont donnés pour l'équipement faisant ainsi dire que c'est un sport de riches. La combinaison revient à 12 millions de centimes, le casque à 5, les bottes seulement à 2,5 et la moto à 100 millions de centimes. Une simple chute peut valoir 20 millions de centimes de réparation. Sport de riches mais aussi à risques. Laouami rappellera le décès en course de Ferhat à Sidi Bel Abbès, ainsi que l'interdit fait par les parents d'acquérir une moto : « J'avais fait le serment de ne jamais acheter une moto du vivant de mes parents, et j'ai tenu parole ! » Saïd Hocine, plus connu sous le patronyme de Hocine Joe, interviendra pour dire : « On achète une voiture à notre enfant mais on accepte difficilement de lui acheter une moto. Cela veut dire qu'on lui achète de quoi mourir ! » Nombre d'adeptes s'attableront et ce sera l'évocation de souvenirs avec les 7 boucles de Blida, les courses à pied avant d'enfourcher la moto, une chute malheureuse des officiels chargés de donner le signal de départ et le prix d'une saison de victoires pour Laouami avec la remise par la fédération d'un chèque de 15 000 DA. « Pas de quoi acheter une roue de moto ! », s'esclaffera Aliouet. Tout ce beau monde attend la journée du jeudi pour la course de côte et la fête pour Rachid qui prend sa retraite officielle.