Deux cas d'infection au Coronavirus ont été confirmés en Algérie. Comment fait-on pour s'en protéger ? Reportage avec l'équipe médicale qui interroge tous les voyageurs à destination et en provenance de l'Arabie Saoudite. Mercredi, midi, aérogare des vols spéciaux T3 d'Alger. Atterrissage du vol Air Algérie en provenance de Djeddah. A bord, quelque 250 pèlerins. L'équipe médicale du contrôle sanitaire des frontières, dont les brigades se relaient 24 heures sur 24, se prépare pour accueillir les pèlerins algériens. Mission : vérifier et contrôler qu'aucun d'entre eux ne présente les symptômes du coronavirus. Portant des gilets orange, l'équipe s'installe devant la porte de la salle d'arrivée. En renfort : un cabinet médical doté de médicaments de premiers soins et des affiches de sensibilisation placardées dans tout l'aéroport. Pour ce vol, pas d'alerte ni de cas suspect annoncé. L'équipe médicale, composée de cinq ou six médecins, infirmiers et techniciens d'assainissement, accueille les passagers tout en leur posant des questions. «Est-ce que vous avez de la fièvre ?» ; «souffrez-vous de maux de tête ?» ; «avez-vous des difficultés à respirer ?» Objectif : déceler d'éventuels symptômes du coronavirus. «Si la personne n'a pas d'écoulement nasal, de douleur, de maux de tête, de fièvre, nous ne procédons pas à une consultation clinique. Nous posons les questions à tous les voyageurs !», explique le docteur Amirouche Hahad, médecin-chef du CSF. L'équipe médicale est ensuite dispatchée dans l'aérogare pour sensibiliser les passagers et s'assurer qu'ils n'ont pas de fièvre. «Le principal symptôme ? Les problèmes respiratoires : des essoufflements et des insuffisances qui peuvent s'aggraver en détresse respiratoire. D'autres signes existent, tels que de la fièvre et de la toux», explique Dr Nadia Allem, directrice de l'Etablissement public de santé de proximité à Bordj El Kiffan-Dergana. Les médecins continuent d'observer l'ensemble des voyageurs jusqu'à leur sortie de l'aérogare. Le même dispositif est appliqué pour les départs vers l'Arabie Saoudite. Les médecins de contrôle sanitaire des frontières distribuent d'abord des dépliants sur lesquels sont décrites, en français et en arabe, les bonnes pratiques et les règles d'hygiène à suivre pendant leur séjour : se laver les mains, se couvrir la bouche au moment de la toux, se couvrir le nez avec un mouchoir lorsque on éternue et se moucher avec un mouchoir à usage unique. Une fois dans la salle d'embarquement, pour s'assurer que tous les passagers, y compris ceux qui ne savent pas lire, aient bien reçu le message, le médecin-chef répète à l'aide d'un microphone, en arabe dialectal, les mêmes recommandations. «Nous voulons donner des conseils sans provoquer la panique. C'est d'ailleurs pour cette raison que nous ne mettons pas nos blouses blanches», explique Dr Allam. «C'est un travail que nous faisons tout au long de l'année sauf que l'alerte est un peu élevée et le dispositif plus renforcé. Mais nous ne sommes pas en alerte et on ne peut pas parler d'épidémie. Nous sommes en veille sanitaire uniquement», ajoute-t-elle. Pour le moment, les médecins n'affichent pas d'inquiétude, d'autant plus que ceux qui accomplissent la omra ne sont pas forcément des personnes âgées. «Peut-être que le problème se posera de manière plus aiguë à la saison du hadj, où il y a davantage de personnes âgées, beaucoup plus fragiles que les autres. Mais il est très tôt pour évoquer cette éventualité», atteste encore Dr Allem. Pour le moment, seule cette aérogare de vols spéciaux (les hadjis, les supporters, les détenus et les expulsés) est concernée par ce système de surveillance sanitaire. A l'aéroport international d'Alger, l'ancien système de surveillance pour contrôler les vols en provenance d'Afrique, particulièrement ceux de Ouagadougou, concernée toute l'année par les infections, reste opérationnel.