L'exploitation des énergies non conventionnelles, appelées communément le gaz et le pétrole de schiste, ne fait pas l'unanimité. Pas seulement au plan politique. L'option, validée par le dernier Conseil des ministres et défendue par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, à l'APN, suscite également l'ire des populations des régions du sud du pays. Ces dernières le font déjà savoir à travers des manifestations de rue. La première action a été organisée, rappelons-le, mercredi dernier dans la wilaya d'Adrar. Des dizaines de jeunes, munis de banderoles sur lesquelles ils ont inscrit des slogans hostiles à l'exploitation du gaz de schiste, ont battu le pavé de la ville d'Adrar pour exprimer leur rejet de la décision des autorités. Aujourd'hui, samedi, les habitants de Ouargla vont emboîter le pas aux jeunes d'Adrar. Ayant intégré dans leurs revendications, axées auparavant sur le chômage et l'emploi, la question environnementale, un collectif d'associations de jeunes chômeurs, de travailleurs licenciés et de cadres, appelle à une grande marche pour dénoncer, entre autres l'exploitation du gaz de schiste. Une décision qui, selon eux, menace de polluer la nappe phréatique de la région et de détruire complètement son écosystème. Cette manifestation, prévue pour aujourd'hui, est annoncée par les organisateurs comme étant la plus importante depuis les marches des jeunes chômeurs organisées en 2013. Ainsi, la manifestation des citoyens d'Adrar trouve écho à Ouargla et même à Tindouf, où, selon les militants locaux, une autre marche est actuellement en préparation. C'est pour la première fois que cette question, qui suscite l'opposition des défenseurs de l'environnement et d'une partie de la classe politique nationale, rassemble les citoyens des régions sud du pays où l'on a localisé les plus grandes ressources en gaz de schiste. Des gisements de cette énergie ont été, rappelons-le, localisés dans le bassin gazier de Tindouf, Reggane, Timimoune, Ahnet, Mouydir, Illizi, Berkine et Ghadames. A l'occasion de la présentation de son plan d'action à l'APN, Abdelmalek Sellal affirme, pour défendre cette option, que «l'Algérie n'aura plus de pétrole d'ici à 2030». Jeudi dernier, à l'occasion de l'adoption de ce plan, il revient pour rassurer que «l'eau utilisée pour extraire le gaz du schiste sera récupérée et traitée». «De plus, les produits chimiques qu'on utilise dans cette opération sont les mêmes que l'on retrouve dans les couches-bébé», lance-t-il.