Avec l'arrivée des premières vagues d'émigrés et ses conséquences désastreuses sur la circulation, réapparaît le sempiternel problème de la délocalisation de la gare ferroviaire. Episodiquement remis au goût du jour par la déliquescente société civile, c'est avec une gêne certaine que la question est abordée en raison de l'absence sidérale d'une expertise. Présentée comme un frein à l'amélioration du réseau urbain, cette structure pittoresque occupe, il est vrai, un imposant espace central qui pourrait être autrement mieux valorisé. Pourtant, il suffit de suivre le tracé de la voie ferrée pour se rendre compte qu'elle dessert la totalité des espaces urbains situés entre le boulevard St Charles, l'hôtel de ville et la Salamandre, en passant par le Belvédère, la cité Gouaich, les nouveaux lotissements bordant la route d'Oran ainsi que les unités industrielles. Lorsque l'on sait que les agglomérations de Mazagran et Hassi Mamèche – qui sont une extension du chef-lieu de wilaya et qui abritent plus de 30 000 habitants - ne sont qu'à une dizaine de minutes de la gare ferroviaire, on se rend aisément compte du gâchis. Plutôt que de chercher vainement à délocaliser, contre tout bon sens, cet ensemble, ne serait-il pas plus judicieux de l'intégrer dans un véritable projet novateur qui commencerait par réhabiliter le chemin de fer dans ce qui fait sa force, le transport groupé de voyageurs. Ce qui reviendrait à construire une gare mixte là où passe le train. C'est-à-dire sur le tronçon Mazagran – Hassi Mamèche où les espaces sont encore disponibles. Il suffira ensuite d'y faire converger une bretelle de l'autoroute Est-Ouest qui lui assurerait trafic, fluidité et commodités. Les trois indispensables piliers d'un réseau de transport efficient. Des perspectives qui n'ont pas échappé au ministre des Travaux Publics, Amar Ghoul qui, lors de sa dernière visite, n'hésitera pas à encourager les responsables à désengorger la circulation au niveau du centre ville. Perspectives En effet, le projet préparé dans une totale discrétion par la wilaya, recevra sans la moindre hésitation la bénédiction ministérielle. Arrivé sur le site, à hauteur de la voie ferrée, en contrebas du Belvédère, le ministre approuvera le tracé d'une nouvelle pénétrante qui devrait être érigée en parallèle de la voie ferrée pour parvenir jusqu'au niveau de la gare. L'originalité de cette formule réside dans le fait que pour la première fois de son histoire, la cité de Sidi Said contourne le dilemme qui consistait à faire un choix impossible. Entre la nécessité de décongestionner la circulation et de se séparer du joyau que constitue l'ancienne gare. En effet, depuis la période coloniale, toutes les tentatives de desserrer l'étau à hauteur de la mairie butaient impitoyablement sur l'écueil de la gare dont l'utilité ne sera pas toujours évidente pour les différents intervenants. Récemment encore, lors de la visite d'un ministre des Transports, des élus locaux plaideront pour la destruction pure et simple de cet outil structurant. Mais, c'est grâce à l'opiniâtreté des dirigeants de la SNTF que l'irréparable ne se produira pas. Le projet permettra non seulement de préserver la voie ferrée et la gare -en faisant économiser au trésor public plus de 200 milliards qu'aurait engendré le transfert de ces macrostructures- se traduira également par une totale recomposition urbanistique du vieux quartier de « Cochon ville ». Car, dans ses orientations, le ministre ne cessera de rappeler à ses interlocuteurs la nécessité de mieux appréhender les nouveaux projets afin d'éviter les errements du passé. Il insistera plus particulièrement sur les ouvrages d'accompagnement, comme les passerelles pour piétons ou les passages aménagés pour handicapées. S'étendant sur 4 Km linéaires, cette nouvelle voie de dégagement coûtera 80 milliards. Pour les dédommagements, il a été retenu le principe de la promulgation d'un décret afin d'éviter les lenteurs inhérentes à toutes procédure d'expropriation. Cependant, deux mois après la visite du ministre, hormis la reprise intensive de l'activité ferroviaire, sur le minuscule passage à niveau, c'est toujours la hantise chez les automobilistes et les usagers. Car, avec l'achèvement de la rocade Nord dont le chantier est en pleine activité, c'est tout le réseau routier urbain qui sera totalement restructuré. Avec en sus le maintien de la pittoresque gare routière qui pourrait rendre d'énormes services à la communauté universitaire en pleine expansion.