L'agriculture, l'industrie, l'énergie et le tourisme sont au menu du plan d'action du gouvernement Sellal, présenté la semaine dernière devant les députés. Au volet industriel, le chef de l'Exécutif a affirmé vouloir organiser, en septembre prochain, une conférence nationale consacrée au secteur, sans pour autant préciser si un bilan sera présenté des précédentes opérations de sauvetage des entreprises publiques agonisantes et en crise depuis des années déjà. Il faut préciser à ce propos qu'à ce jour, rien n'a été dit sur les résultats obtenus à travers ces opérations d'assainissement, à l'exception des sommes faramineuses accordées pour l'effacement des dettes ou la mise à niveau des outils de production. C'est le cas, à titre indicatif, des trois entités industrielles publiques de l'Entreprise algérienne de génie rural (EAGR), groupe affilié à la SGP/SGDA, en l'occurrence Béjaïa liège, Jijel liège et Collo liège. En mars 2012, le Conseil des participations de l'Etat (CPE) avait décidé de faire bénéficier ces trois entreprises de crédits bonifiés de 1,5 milliard de dinars pour l'effacement des dettes financières, le règlement des arriérés de salaires et la modernisation de l'outil de production. Ces mêmes entreprises ont également bénéficié d'un autre avantage, celui de pouvoir s'approvisionner prioritairement en matière première en vertu d'une résolution du CPE qui stipule que «les lièges issus du domaine forestier de l'Etat seront cédés prioritairement, au gré à gré, aux entreprises publiques de transformation du liège, et ensuite par adjudication aux entreprises privées industrielles de fabrication ou de transformation». Même si l'impact et l'efficacité de telles mesures ne sont vérifiables qu'à moyen terme, un rapport résumant le bilan des activités de ces trois entreprises pour l'année dernière montre que l'objectif d'un éventuel redressement au sein de ces entreprises est loin d'être atteint. L'entreprise Collo liège, réalisant un chiffre d'affaires de 35 millions de dinars, a clôturé son exercice avec un déficit de 40 millions de dinars ; de même que Béjaïa liège qui n'a fait qu'un peu plus de 17 millions de dinars de chiffre d'affaires et a enregistré un déficit de 29 millions de dinars. Jijel liège, dont le chiffre d'affaires a été de 190 millions de dinars, a endossé, quant à elle, un déficit de 39 millions de dinars. Selon des opérateurs économiques évoluant dans ce secteur, «les sommes faramineuses injectées ne servent qu'à maintenir artificiellement en vie de telles entreprises, en ce sens que l'argent n'est d'aucune utilité si les méthodes de gestion ne changent pas». Ils en veulent pour preuve la réussite de quelques entreprises du secteur privé qui sont devenues exportatrices mais dont le sort est aujourd'hui lié à la disponibilité de la matière première, de plus en plus rare, cédée prioritairement de surcroît aux entreprises publiques moribondes. Tout en rappelant la position du gouvernement hostile à toute distinction et ségrégation entre entreprises publiques et privées, ces mêmes opérateurs notent que «la réussite de l'entreprise algérienne et son aptitude à la compétition, à la création de richesse et d'emplois devraient être les seuls critères pour bénéficier des avantages prévus par la loi». L'industrie du liège, qui connaît une décadence jamais égalée, «risque même de disparaître si le mode d'organisation et d'exploitation du patrimoine du chêne-liège en Algérie n'est pas revu», estiment encore les industriels du secteur. Pour eux, le plus urgent est de réhabiliter le Conseil national interprofessionnel du liège (CNIL), seule instance à même de redresser la situation.