Si le Brésil et l'Algérie ont en commun cette fascination du ballon rond, il n'en demeure pas moins qu'il reste un commerce juteux pour certains dirigeants. Une éditrice brésilienne et quatre écrivains algériens et brésiliens sont venus parler de cette passion du football dans la littérature, lors d'une conférence qui s'est tenue, samedi, en marge du FELIV. La brésilienne Paula Anacaona a crée en 2009 une maison d'édition franco-brésilienne à Paris. Spécialisée dans la littérature marginale, la conférencière avoue qu'elle a eu un vrai coup de foudre pour le livre Manuel pratique de la haine de Ferréz. Un livre qui a eu un succès énorme au Brésil Son objectif était dans un premier temps de faire connaître le Brésil pour ses poètes et écrivains et ce, à travers la littérature de la périphérie, les favelas. Depuis la ligne éditoriale s'est diversifiée avec toujours ce point d'honneur de mettre en valeur la minorité. « Je lutte pour exister. Le sport est méprisé par l'élite. C'est à travers le football qu'on comprend mieux le Brésil. J'ai pris comme prétexte le football pour parler du Brésil ». L'oratrice estime que le sport et la littérature touchent aux passions humaines. Il s'agit d'une rencontre entre deux chocs émotionnels. Pour le journaliste, romancier, nouvelliste et essayiste Yahia Belaskri la littérature est un lieu de l'inquiétude et du questionnement. Le football n'est plus un jeu mais une entreprise économique importante. « Il y a certes de la passion dans le football mais également de la violence et du racisme, particulièrement en Europe. E On parle du Brésil qui nous enchante mais on ne parle de son peuple qui souffre » dit-il. De son côté l'auteur de La Cité de Dieu, Rodriguo Ciriaco est convaincu que le foot est en étroite relation avec la littérature.Cette coupe a apporté une conscience politique et un réveil. Le foot est imprévisible. Selon lui, on arrive à avoir des équipes qui n'arrivent pas à gagner. « Ils sont en train de fabriquer des équipes de littérature ». L'écrivain et romancier Anouar Benmalek aime le foot de son enfance à Constantine. Il ne va pas du dos de la cuillère pour affirmer qu'il y a une fascination pour les salaires des footballeurs. « A la fois, dit-il, c'est une passion populaire et d'un autre côté, ce sont des appétits féroces. Le football est fascination et colère. Cette passion populaire est récupérée par des passions mercantiles. « Comment voulez-vous aimer un football quand des sommes phénoménales circulent ? Le foot est une espèce de suicide de la raison. A diable, ce sport qui aveugle autant de monde » »lance-t-il. L'écrivain brésilien Rogerio Pereira a fondé en 2000 le journal Rascunho, qui est aujourd'hui l'une des principales publications sur la littérature au Brésil. Il est directeur de la Bibliothèque Publique du Parana et vient de lancer son premier roman. Pour cet intellectuel, le football fait partie de l'âme brésilienne. La littérature et le foot marchent sur des chemins différents. « Nous les écrivains, nous nous approprions du football pour écrire. Pour nous les écrivains, le foot, c'est comme un roman ou une poésie. Le foot et la littérature, c'est eux qui me situent dans le temps » argue t-il. Les conférenciers brésiliens ont soulevé également la question de l'exil de certains joueurs Brésiliens vers d'autres cieux plus cléments. C'est pratiquement impossible de les retenir contre les grands clubs. Ils font vers d'autres marchés étrangers juteux. Autre point soulevé, celui des dépenses absurdes de cette coupe du monde 2014, lesquels ont occasionnées des révoltes dans le peuple. Cette coupe du monde a apporté une conscience politique et un réveil. Toute cette rébellion est venue du football.