Après des mois de tractations, les acteurs du Dialogue national en Tunisie sont parvenus, vendredi, à s'entendre sur un échéancier qui commence par les élections législatives, prévues le 19 octobre 2014, selon les estimations des experts au vu de la loi électorale. L'Assemblée nationale constituante (ANC) et l'Instance supérieure indépendante des élections (ISIE) tiendront incessamment une réunion pour officialiser les dates des trois scrutins dans un texte législatif qui concrétisera l'accord passé entre les partis politiques concernant l'échéancier électoral. En vertu de cet accord, les deux tours de la présidentielle se tiendront donc après les législatives mais avant la fin 2014, comme l'exige la Constitution. La Tunisie doit son salut, encore une fois, au Dialogue national pour trancher les différends entre les partis politiques. Il s'agissait, cette fois, de trouver un consensus sur l'ordre des trois échéances électorales : les deux tours de la présidentielle et les législatives. Les deux principaux différends ont porté sur le choix entre la concomitance et la séparation des scrutins et lequel des législatives ou de la présidentielle passera en premier. A chaque parti politique ses propres considérations et intérêts pour opter pour l'un ou l'autre choix. «Le parti Nidaa Tounes dispose d'un leader charismatique en la personne de Béji Caïd Essebsi qui caracole depuis plus de 15 mois à la tête des intentions de vote à la présidentielle. D'où son choix de commencer par la présidentielle, afin d'espérer bénéficier d'un effet d'entraînement pour les législatives» explique le politologue Hamadi Redissi qui ajoute : «Maintenant que le choix s'est porté sur un départ avec les législatives, Béji et son parti vont adapter leur stratégie électorale par rapport à celui-ci.» Pour sa part, le parti Ennahdha a fait ses choix en fonction de ses intérêts électoraux. «Les islamistes misent sur une majorité parlementaire. Ils préfèrent donc commencer par les législatives» explique le professeur Redissi. «Avec le choix optant pour les législatives comme départ, Ennahdha va se prononcer ce week-end, lors de son conseil national, sur la tactique à adopter pour ce qui est de la présidentielle et s'ils vont présenter (ou pas) leur propre candidat» estime le politologue. Aux dernières nouvelles, les islamistes hésitent encore entre trois possibilités : la présentation d'un candidat des rangs du parti, qui serait Ali Laârayedh ; la deuxième option serait de soutenir la candidature de l'ex-chef de gouvernement et secrétaire général démissionnaire, Hamadi Jebali, qui veut se présenter sous une bannière indépendante et, enfin, Ennahdha peut ne pas se présenter à la présidentielle et négocier le siège de Carthage contre d'éventuelles alliances politiques en fonction des résultats des législatives, comme ce fut le cas après les élections du 23 octobre 2011, avec Ettakattol et le CPR. Dans tous les cas, c'est à l'ANC qu'échoit la latitude de fixer les dates des échéances électorales, en prenant en considération l'avis de l'ISIE et les termes de la loi électorale.