Hajar Bali et Randa El Kolli ont en commun un passion : l'écriture pour le théâtre. Dimanche soir, elles ont largement abordé la thématique de la littérature et du théâtre au 7e Festival international de la littérature et du livre de jeunesse d'Alger (Feliv), à l'Esplanade Riadh El Feth, lors d'un débat modéré par Rachida Moncef. «J'ai découvert un univers extraordinaire. Je ne veux plus en sortir. Le théâtre est une autre manière de percevoir la réalité. Pour moi, le théâtre est le réel. Un ami m'a remis Les Bonnes de Jean Genet, m'a dit qu'il s'agit d'une histoire de femmes et s'est interrogé sur la possibilité de raconter à notre manière l'histoire des femmes algériennes. En lisant le livre, d'autres bonnes se construisaient dans ma tête, sachant qu'auparavant je ne lisais pas les textes de théâtre. Je lisais surtout la poésie et les romans. C'est alors que j'ai commencé à écrire D'où vient le cygne ? Je me suis retrouvée à écrire du théâtre sans le vouloir» a confié Randa El Kolli. D'où vient le cygne ? est le premier texte d'une trilogie théâtrale publiée dans la collection Masrah des éditions APIC à Alger sous le titre Comme une carpe. Dans la pièce D'où vient le cygne ?, trois femmes subissant l'ordre social tentent de «rechanger» leur vécu dans un huis clos. «Chaque femme souffre à sa manière même si elles se ressemblent toutes. Chacune évoque des instants particuliers de sa propre vie» a précisé Randa El Kolli. La deuxième pièce, En attendant que le chat miaule, est inspirée de En attendant Godot de Samuel Beckett. «L'attente de tout et de rien, de choses intéressantes et d'autres qui le sont moins. Mes personnages n'attendent pas Godot. Ils attendent qu'un chat miaule, qui pousse un cri» a-t-elle dit. «Nous avons envie de nous attarder sur chaque phrase, revenir en arrière, reprendre plusieurs pages avant. C'est un livre qui se lit intensément. Je trouve jolie cette possibilité offerte de se promener à travers un texte» a souligné Rachida Moncef à propos de Comme une carpe. Au départ, Randa El Kolli refusait la mise en scène de ses textes. Elle n'a pas aimé l'adaptation à la scène de D'où vient le cygne ? par Tounès Aït Ali dans la pièce Visions. «Ce n'est pas ce que je voulais dire» a-t-elle lancé à propos de cette pièce. Hajar Bali, qui vient de publier un recueil de nouvelles Trop tard aux éditions Barzakh à Alger, est une grande lectrice des pièces écrites mais également auteure de théâtre (Les Aveugles, Rêve et vol d'oiseau et Homo-sapiens). «Je suis passionnée par les pièces de Ionesco, Beckett et Genet. J'ai vu aussi beaucoup de pièces algériennes. L'écriture théâtrale est très amusante. C'est un challenge que je voulais me donner. Je suis passée à la nouvelle car ce qui me manquait dans l'écriture dramaturgique était de retranscrire des sentiments, quelque chose d'intérieur, qui n'est pas dialoguée nécessairement» a-t-elle dit, estimant qu'il n'existe pas de frontières entre écriture théâtrale et littérature. «Tout ce qu'on écrit peut être mis en scène, porté au cinéma ou au théâtre. Le théâtre impose certaines contraintes dans l'écriture, ce n'est pas le cas pour les nouvelles» a-t-elle ajouté.