On néglige souvent, en Algérie, le rôle de la formation continue, généralement perçue par l'opinion publique –et certains décideurs– comme un palliatif à l'échec scolaire. Pourtant, dans le développement des grandes nations industrialisées et l'affirmation des pays émergents, elle a joué et joue un rôle stratégique, permettant d'accélérer les progrès économiques et techniques en adaptant les savoirs et savoir-faire à leur mise en œuvre. Parler de formation continue, c'est aborder toute la problématique des ressources humaines et la dimension culturelle du développement. Pour engager un débat de haut niveau sur ces questions, l'UFC (université de la Formation continue) organise, en octobre prochain (les 18, 19 et 20), un colloque international sur la veille technologique et l'e-novation pédagogique dans la formation continue. Les promoteurs de cette rencontre affirment : «Nous souhaitons que soient abordées un certain nombre de réflexions concernant l'état présent de la formation continue, les forces et les lacunes ou faiblesses des dispositifs à travers lesquels elle remplit ses missions, mais aussi un certain nombre de réflexions et d'études (pour une large part à fortes données empiriques) permettant de définir des grilles d'intelligibilité des transformations en cours, transformations des besoins et des méthodes, des contenus et des types de savoirs en émergence». Ceci pour le fond. Il s'agira particulièrement d'aborder «l'irruption depuis plusieurs années, en Algérie et dans le monde, de l'univers numérique porté par Internet, ses écritures, ses interfaces, ses réseaux…». Sur ce point, le comité scientifique, composé de spécialistes algériens et étrangers, parmi lesquels on compte Lotfi Maherzi (Paris VIII), l'un des pionniers de la formation continue en Algérie, qui relève que le surgissement de l'univers numérique «a des effets tantôt perturbateurs, tantôt bénéfiques sur les modes de production, circulation, exploitation des savoirs». En se basant sur l'expérience de l'UFC qui a lancé un programme ambitieux d'e-learning et conduit des projets importants de formation, les organisateurs entendent aller à la rencontre des meilleurs exemples en la matière dans le monde. Les participants auront à prendre la mesure des transformations survenues avec la révolution numérique dans la production des savoirs et leur circulation. Cette approche ne se limitera pas, cependant, aux aspects technologiques mais embrassera également les sciences de l'éducation, l'anthropologie des savoirs et connaissances ainsi que la sociologie cognitive. Ils se pencheront aussi sur certains aspects particuliers : la complémentarité TV/Web (l'UFC étant la seule université algérienne disposant d'une chaîne de télévision) ; les dimensions collectives-collaboratrices des apprentissages ; la formation à distance en lien avec les nouveaux interfaces (tablettes, smartphones) ; les plateformes d'e-learning, etc. En somme, une véritable expédition intellectuelle au carrefour de la formation, du savoir, de la technologie, de l'économie et de la culture.