Un chef rebelle a jugé que les efforts de Petro Porochenko étaient «insignifiants», tant qu'ils n'inclureraient pas le retrait total des troupes ukrainiennes dans l'Est. Les déclarations de bonnes intentions c'est utile, mais à condition qu'elles soient partagées et, surtout, suivies d'effet sur le terrain, ce qui ne semble pas encore être le cas en Ukraine. Ainsi qu'il l'avait promis lors de sa campagne, le président ukrainien, Petro Porochenko, a bien proposé un dialogue avec les rebelles pro-russes n'ayant commis «ni meurtre ni torture» en exposant hier un plan de paix. Le dirigeant pro-occidental s'est adressé à la nation lors d'un discours télévisé, après avoir décrété un cessez-le-feu d'une semaine à ses troupes engagées depuis avril dans des combats contre les insurgés dans l'est de l'Ukraine, qui ont fait au moins 375 morts. Toutefois, les échanges de tirs se poursuivaient, les troupes ukrainiennes disant utiliser l'artillerie pour repousser les attaques de rebelles, qui ont rejeté le cessez-le-feu provisoire visant à leur désarmement. A Siversk, une localité de 3000 habitants à l'ouest de Slaviansk, l'un des bastions des séparatistes pro-russes, selon des médias occidentaux, l'évocation du cessez-le-feu provoquerait carrément des jurons imagés de la part des rebelles. Aussi, poursuivent-ils leurs combats contre les autorités pro-européennes de Kiev, qu'ils considèrent comme des «fascistes». Le plan de paix mis sur la table par le président Porochenko paraît pourtant être une bonne base de travail. Il inclut la création d'une zone tampon de 10 km à la frontière entre l'Ukraine et la Russie et un couloir pour les mercenaires russes leur permettant de rentrer en Russie une fois leurs armes déposées. Le plan stipule également la fin de «l'occupation illégale» des bâtiments de l'administration régionale de Donetsk et Lougansk contrôlés par les rebelles, l'organisation rapide d'élections locales et un programme pour la création d'emplois dans la région. Il évoque aussi la décentralisation du pouvoir et la protection de la langue russe par le biais d'amendements à la Constitution. Mais tout en se montrant donc ouvert à des discussions avec les insurgés pro-russes, le président ukrainien a néanmoins accompagné son plan d'un avertissement. Dans son discours de 12 minutes, le président pro-occidental a affirmé que «le scénario pacifique est notre scénario principal. C'est notre plan A». «Mais ceux qui ont l'intention d'utiliser ces négociations de paix à la seule fin de jouer la montre et de regrouper leurs forces doivent savoir que nous avons un plan B détaillé. Je ne vais pas en parler maintenant parce que je crois que notre plan pacifique va réussir», poursuit-il. Un chef des rebelles avait auparavant jugé que les efforts de Petro Porochenko étaient «insignifiants» tant qu'ils n'incluaient pas le retrait total des troupes ukrainiennes dans l'Est et une reconnaissance de leur indépendance. «Des vues diamétralement opposées ne seront pas une barrière à la participation aux négociations. Je suis prêt à discuter avec ceux qui se sont fourvoyés, qui ont par erreur adopté des positions séparatistes. A l'exception, bien sûr, de ceux qui ont été impliqués dans des actes de terrorisme, de meurtre ou de torture», a rétorqué le président ukrainien. «Je garantis de plus la sécurité pour tous les participants aux négociations, pour tous ceux qui veulent adopter le langage de la discussion au lieu du langage des armes», a-t-il ajouté. Toutes ces assurances ont aussi laissé de marbre les insurgés pro-russes. Le président russe, Vladimir Poutine, qui a souvent soufflé le chaud et le froid concernant le dossier ukrainien, a déclaré, pour sa part, son soutien au plan de paix de M. Porochenko tout en appelant à un «dialogue substantiel» entre Kiev et les rebelles pro-russes. «Il importe que ce dialogue entre les parties qui s'affrontent en Ukraine s'appuie sur le plan de paix», a-t-il déclaré hier. Vladimir Poutine a également demandé à Kiev de mettre fin à ses opérations militaires. «Les opérations militaires n'ont pas cessé, a-t-il dit, je ne peux pas dire qui en est responsable.» Ces déclarations interviennent après qu'il eut adressé, hier, des messages contradictoires aux autorités ukrainiennes, plaçant dans un premier temps les troupes armées du centre de la Russie en état d'alerte, puis offrant un soutien mesuré au plan de paix de Porochenko. Tous ces petits points laissent penser que la Russie, les insurgés pro-russes et l'Ukraine n'ont pas encore fini de jouer au chat et à la souris.