Le président ukrainien nouvellement investi, Petro Porochenko, tient son plan « A ». Il se dit prêt à privilégier le « scénario pacifique » à la crise ukrainienne qui a fait, depuis avril dernier, au moins 375 morts et provoqué le déplacement de dizaines de milliers de personnes. Il n'écarte pas, toutefois, le recours au plan « B » contre « ceux qui ont l'intention d'utiliser ces négociations de paix à une seule fin de jouer la montre et de regrouper leurs forces ». Pour le moment, l'urgence est au règlement pacifique de la crise détaillé dans le plan de paix en 14 points, présenté, hier, à l'ONU, incluant un dialogue avec les insurgés qui n'ont pas commis « ni meurtre ni torture », un cessez-le-feu unilatéral d'une semaine (27 juin), le désarmement des rebelles, la création d'une zone tampon de 10 km à la frontière entre l'Ukraine et la Russie et la garantie d'un couloir pour « les mercenaires russes et ukrainiens » sommés de déposer les armes avant de partir. Il stipule également la fin de « l'occupation illégale » des bâtiments de l'administration régionale de Donetsk et de Lougansk et l'organisation rapide d'élections locales, un programme pour la création d'emplois dans la région. La décentralisation du pouvoir et la protection de la langue russe par le biais d'amendements de la Constitution seront-elles entendues ? En évoquant simplement l'amnistie pour « ceux qui ont déposé les armes et n'ont pas commis de crime grave », le Président a fermé la porte au dialogue avec les mouvements de rébellion rejetant le cessez-le-feu unilatéral et jugeant, par la voix d'un de ses chefs, les efforts de Porochenko « insignifiants ». La condition sine qua non du retrait total des troupes ukrainiennes dans l'Est et une reconnaissance de l'indépendance sont aussi brandie dans la recherche d'une solution négociée à la crise. Moscou, qui affirme soutenir « les intentions » de Kiev, parle de la même voix et pointe sur la nécessité de considérer les séparatistes de l'Est comme « une partie inaliénable » pour trouver « un compromis acceptable pour tous, pour que les habitants du sud-est de l'Ukraine se sentent une partie inaliénable du pays jouissant de tous les droits des citoyens ukrainiens dont ceux garantis par la Constitution ». Hier, le président russe, Vladimir Poutine, a plaidé pour un dialogue « concret et substantiel » et la cessation de « tous les combats » qui constituent « la base de la réussite ». La réalité du terrain est tout autre. Elle se caractérise par « une activité assez intense de l'artillerie ukrainienne », relevée par Poutine, et la persistance des violences à Donetsk et à Slaviansk. En dépit du cessez-le-feu, les « opérations n'ont pas cessé », a déclaré Poutine, plaçant en état d'alerte les troupes armées du centre de la Russie. Le compromis n'est pas pour demain.