Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré hier lors d'une visite en Arabie saoudite que son pays était préoccupé par l'«intensification» de l'opération militaire ukrainienne, en dépit d'un plan de paix et d'un cessez-le-feu unilatéral de Kiev. «Le fait que ladite opération antiterroriste (de l'Ukraine) connaisse une intensification parallèlement à l'avancement du plan de paix est très alarmant et inquiétant», a-t-il déclaré. «Le territoire russe a été déjà visé par des tirs et il y a eu des dégâts en territoire russe et des blessés. Et nous ne savons pas quel sera le sort de ceux qui ont été blessés par des tirs de mortier», a ajouté le ministre russe. M.Lavrov a par ailleurs estimé que le plan de paix du président Petro Porochenko manquait «d'un élément essentiel, des négociations, et est radicalement différent de la déclaration du 17 avril à Genève qui a été soutenue par nos partenaires occidentaux et les autorités ukrainiennes, du moins verbalement, et qui a été signée par eux». Ce plan de paix comporte 15 points. Il stipule notamment la fin de «l'occupation illégale» des bâtiments de l'administration régionale de Donetsk et de Lougansk contrôlés par les rebelles, l'organisation rapide d'élections législatives locales et un programme pour la création d'emplois dans la région. Il évoque en outre «la garantie d'un couloir pour permettre aux mercenaires russes et ukrainiens de partir» et la protection de la langue russe par le biais d'amendements à la Constitution. Selon M.Lavrov, la déclaration de Genève, contrairement au plan de paix de Kiev, prévoit «en plus de la cessation des violences» de lancer immédiatement des négociations avec la participation de toutes les parties concernées. La déclaration indique clairement, a-t-il ajouté, que «les négociations doivent englober les (représentants) de toutes les régions et de toutes les forces politiques de manière à parvenir à accord sur une réforme de la constitution». M.Lavrov a souligné que «les parrains occidentaux» de Kiev doivent assumer leur responsabilité concernant ce qui se passe actuellement en Ukraine. Cela suppose, selon lui, «des mesures concrètes pour retourner au cadre de la déclaration du 17 avril à Genève, commencer un dialogue sur la réforme de la Constitution et lancer un règlement de la crise avec l'implication de toutes les régions d'Ukraine». A Kiev, les autorités ont dénoncé hier une attaque de séparatistes en dépit d'un cessez-le-feu unilatéral. Le président Porochenko a ordonné vendredi à ses troupes un cessez-le-feu d'une semaine en espérant que ce délai permettra aux rebelles de déposer les armes, dans le cadre d'un plan de paix pour mettre fin à une insurrection séparatiste dans l'Est qui a fait au moins 375 morts depuis avril et menace l'unité du pays. Mais quelques heures après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu à 22H00 (19H00 GMT), trois soldats ont été blessés dans une attaque au mortier ayant visé l'une de leurs positions dans la région de Donestk, a indiqué le service ukrainien des gardes-frontières. Parallèlement, le ministère russe de la Défense a annoncé que le président Vladimir Poutine avait placé les forces armées du district militaire central du pays «en état d'alerte» pour des manoeuvres imprévues, jusqu'au 28 juin, maintenant une forte pression sur l'Ukraine et ses alliés occidentaux. Cette annonce survient alors que la Russie a confirmé avoir renforcé ses troupes à la frontière.