L'été pourrait être calme en Europe et l'hiver moins rude qu'appréhendé avec la fin envisagée du conflit ukrainien. Des décisions hautement significatives, en tout cas révélatrices d'au moins d'un apaisement, viennent d'être annoncées, et tout ou presque devrait rentrer dans l'ordre. Encore que ce terme serait inapproprié et en tout cas inexact, rapporté à la crise ukrainienne. L'on serait en effet tenté de conclure qu'il n'y aura pas de guerre entre l'Ukraine et la Russie, et quand bien même, il a pu y en avoir une, celle-ci est terminée. Toutefois, le parcours n'est pas aussi simple comme l'a révélé la destruction de l'hélicoptère par un des nombreux groupes séparatistes, amenant le président ukrainien Petro Porochenko à dire qu'il pourrait mettre fin au cessez-le-feu qu'il avait décrété unilatéralement. Cette attaque est intervenue mardi, quelques heures après que le président russe Vladimir Poutine, ait demandé au Parlement de lever l'autorisation d'intervenir militairement en Ukraine, qu'il avait sollicitée au mois de mars dernier. Bien entendu, le président Porochenko s'en est félicité, soulignant que «la requête de Vladimir Poutine pour annuler la décision de recourir aux troupes russes en Ukraine est le premier pas concret après le soutien officiel du président russe au plan de paix ukrainien». Il y a effectivement un agenda comportant des négociations entre le pouvoir ukrainien et les chefs rebelles de l'est du pays après un accord surprise sur un cessez-le-feu et des négociations, sur fond d'intenses échanges diplomatiques impliquant la Russie. Cette perspective a été rendue possible après la décision d'un chef rebelle d'accepter un cessez-le-feu pour très peu de temps, et l'ouverture de négociations avec le pouvoir ukrainien, une offre que ce dernier a acceptée, ordonnant à son tour un cessez-le-feu d'une semaine jusqu'au 27 juin pour permettre aux rebelles de désarmer. Le président ukrainien déclarait jusqu'à présent qu'il ne discuterait pas avec ceux ayant «du sang sur les mains» et que son plan de paix prévoyait un dialogue avec les rebelles n'ayant commis «ni meurtre ni torture». Il n'a jamais nommé directement ceux qu'il ne voulait pas voir à la table des négociations mais ces commentaires ont été interprétés par Moscou comme une référence aux principaux chefs rebelles pro-russes. Aucun autre chef rebelle n'a fait part de son ralliement à l'initiative d'un des leurs et l'armée ukrainienne a rapporté de nouveaux incidents dans la nuit. Le président Porochenko, élu il y a tout juste un mois, a appelé la Russie à des avancées concrètes. Alors qu'on l'a dit sous pression occidentale, la Russie a-t-elle cédé ? Elle, qui considère avoir fait l'essentiel, espère que ses «signaux positifs» à l'égard de Kiev «seront entendus» et surtout a-t-il été souligné hier à Moscou, que «les décisions adéquates seront désormais prises par le biais de discussions entre Kiev et les autorités du sud et de l'est de l'Ukraine». A l'inverse, que sera l'Ukraine après avoir perdu des portions de son territoire ? Quel sera l'objet précis des négociations? Si celles-ci devaient être concluantes, et absolument rien ne permet d'en douter, ce serait alors la fin d'un conflit dans le plus pur style guerre froide, Moscou considérant que les événements de ces derniers mois en Ukraine ont été téléguidés par plusieurs Etats étrangers à l'aide de technologies spéciales. Ou si l'on en juge par les réactions enregistrées, avec un monde reconfiguré et de nouvelles frontières en Europe, alors que le monde occidental et principalement l'OTAN sont encore et toujours accusés de vouloir repousser leurs frontières et être encore plus près de la Russie. Le monde a eu réellement chaud. Quant à l'Europe, elle risquerait d'avoir très froid si le gaz russe venait à manquer.