C'est un compromis pragmatique et non une concession que la Russie entend négocier avec le nouveau président ukrainien pro-occidental, Petro Porochenko, dans l'espoir d'une issue à la crise qui secoue la région est (russophone) du pays. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a indiqué, jeudi, que Porochenko a présenté à son homologue russe, Vladimir Poutine, son plan de paix lors d'une conversation téléphonique. « Les interlocuteurs ont examiné le plan de paix et appelé à régler la situation dans l'est de l'Ukraine. Les deux responsables ont évoqué les mesures à prendre pour arrêter les hostilités et régler la situation par la voie pacifique », a-t-il ajouté. Tout en qualifiant la conversation de « longue et substantielle », Porochenko s'est plaint à Poutine d'une incursion présumée de trois tanks russes en territoire ukrainien qu'il a qualifiée d'« inacceptable ». Un développement qui a poussé le gouverneur de la région de Dnipropetrovsk, Igor Kolomoïski, à plaider en faveur d'un projet de construction d'un mur de 2.000 km (100 millions de dollars) avec des barbelés à la frontière avec la Russie, « pour éviter toute incursion ». L'appel du responsable ukrainien intervient alors que les autorités de la République populaire de Donetsk, qui a proclamé le 11 mai dernier son indépendance par rapport à l'Ukraine avec la région de Lougansk, envisagent de « créer une union avec la Russie d'ici à 2016 », est-il indiqué dans un document adopté par le gouvernement de l'entité autoproclamée. « La troisième étape (d'ici à 2016), créer une union avec la Russie et signer des accords avec l'Ukraine et d'autres Etats », souligne le texte. Si politiquement les choses bougent timidement, la situation demeure tendue du fait de la persistance des violences. Moscou a soumis, jeudi, un nouveau projet de résolution devant le Conseil de sécurité où elle appelle l'ONU à agir davantage en Ukraine, après avoir accusé Kiev d'utiliser des munitions au phosphore. Ce projet appelle à la fin immédiate des violences, à un cessez-le-feu durable et à une implication accrue des Nations unies pour négocier une solution au conflit. Par ailleurs, la Russie ne prévoit pas de nouvelles discussions sur le prix du gaz livré à Kiev avant l'expiration de l'ultimatum de ce lundi fixé par Moscou pour le paiement de la dette ukrainienne. La porte-parole du ministère russe de l'Energie, Olga Golant, réagissait à une déclaration du commissaire européen à l'Energie Guenther Oettinger évoquant la possibilité d'une reprise aujourd'hui des discussions UE-Russie-Ukraine.