Les réactions des syndicats à la décision du gouvernement d'augmenter les salaires continuent à affluer. La majorité s'est montrée insatisfaite et déçue par le niveau de la hausse proposée. Certains, comme les enseignants (du supérieur et des autres paliers de l'éducation) et les paramédicaux qualifient ainsi les mesures d'augmentation de « dérisoires ». D'autres ont plutôt porté l'attention sur le fait que les tableaux publiés par la presse, faisant état des grilles de salaires sur lesquelles les simulations de revalorisation ont été effectuées, comportent des revenus plus importants que ceux qu'ils touchent réellement. Mais ce n'est pas là l'avis des autorités qui estiment que les augmentations consenties sont un important acquis pour les travailleurs. Lors d'une conférence de presse tenue conjointement avec Abdelmadjid Sidi Saïd, secrétaire général de l'UGTA, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, s'est félicité de ces mesures qui, selon lui, ont nécessité 98 milliards de dinars, la plus importante enveloppe dégagée pour les salaires depuis 2001. « Une enveloppe financière de 98 milliards de dinars, la plus importante jamais réservée pour les salaires depuis 2001, a été dégagée par le président en attendant la tripartite, prévue au mois de septembre prochain. Au cours de ce rendez-vous, la question du SNMG (...) sera posée », déclaré le ministre du Travail. Revenant sur les augmentations, il a souligné que ces mesures ont été appliquées sur la base de paramètres liés aux diplômes, à l'expérience et à la responsabilité. Elles ont été axées, a-t-il expliqué, sur des fonctions qui ont été longuement marginalisées et concernent surtout les catégories de réflexion et de conception. Le ministre a tenu à noter que les tableaux publiés par certains journaux comportaient des erreurs. Ces tableaux, a-t-il dit, ne sont pas donc définitifs. « Nous avons travaillé sur cinq niveaux de revalorisation afin de ne pas prendre en otages les réformes dans le but d'aérer entre les différents niveaux de la fonction publique et éviter ainsi les tassements de salaires », a expliqué Tayeb Louh. « Il n'y aura pas de compression des travailleurs contractuels de la fonction publique. Le projet de loi relatif à la fonction publique ne mettra pas à la porte les contractuels de ce secteur. Le gouvernement n'a pas l'intention de procéder à une compression du personnel contractuel », a-t-il assuré. Ce projet de loi, a ajouté M. Louh, qui sera présenté au prochain Conseil des ministres, comprend un article (23) qui « préserve tous les avantages liés à la qualité de fonctionnaire de même que la réforme de ce secteur ne va pas mettre au chômage cette catégorie de personnel de la fonction publique ». Carence flagrante Les arguments de M. Louh ont reçu le soutien du patron de l'UGTA qui a précisé aussi que les dispositions du projet de loi sur la fonction publique « maintiennent tous les acquis des fonctionnaires contractuels ». Il a néanmoins fait état d'une carence flagrante en encadrement dans ce secteur. « Sur les 1,5 million de salariés, 696 000 représentent le personnel d'exécution, 623 000 constituent les travailleurs de maîtrise et seulement 291 000 font partie de l'encadrement, ce qui représente à peine 19 % de l'ensemble des fonctionnaires. Nous ferons tout pour capter l'encadrement nécessaire et pallier le manque existant dans ce domaine », a déclaré à son tour le ministre du Travail. Selon Abdelmadjid Sidi Saïd, « 180 000 cadres ont déserté le secteur public depuis 1996 afin d'améliorer leur pouvoir d'achat », ajoutant que ce dernier est dans une situation dramatique. Par ailleurs, Sidi Saïd a tenu à dire que ces mesures de revalorisation salariales ne sont en fait qu'une solution de rattrapage, en attendant le total démantèlement de la grille des salaires et des statuts particuliers, « qui doivent, bien sûr, tenir compte des indicateurs économiques et donc de la rentabilité ». A propos de l'article 87 bis, Sidi Saïd a reconnu que les avis sont encore divergents sur sa mise en application ou sa suppression. « Le débat n'est pas encore tranché, même si au fond nous avons fait de manière à ce que la prime complémentaire et les indemnités soit cotisables et donc entrent dans le calcul de la retraite », a déclaré Tayeb Louh, précisant que la question du SNMG doit être résolue en tenant en compte de l'inflation, de la productivité et de la croissance. Tayeb Louh a déclaré par ailleurs que la prochaine étape sera la révision des grilles des salaires et de la classification des postes qui seront, selon lui, discutées et examinées lors de la prochaine tripartite en septembre prochain. A ce sujet, le patron de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, a affirmé que les grilles des salaires du secteur économique sont loin de répondre à la charge du travail des employés et de ce fait ces derniers ont cumulé une frustration énorme qui s'est répercutée sur la production, tout en attirant l'attention sur la problématique de l'évolution dans la carrière qui, d'après lui, n'a pas suivi ces augmentations. Pour mieux expliciter la complexité du dossier de la fonction publique, Sidi Saïd a rappelé qu'il a été examiné, depuis la première bipartite, en 1990. Dossier, a-t-il dit, qui est revenu dans huit bipartites et deux tripartites. Le ministre a par ailleurs longuement parlé de l'investissement en annonçant qu'un projet de code du travail sera élaboré prochainement et qu'un projet de loi relatif à la promotion de l'emploi, préconisant une baisse des charges sociales des entreprises créatrices d'emploi, sera soumis en septembre prochain au Parlement. « La politique de l'Etat est d'encourager l'investissement dans les secteurs créateurs d'emploi, notamment dans les Hauts-Plateaux et le Sud, afin d'absorber le chômage dont le taux est estimé à 15,3 %. L'Etat prévoit une réduction sensible des charges sociales au profit des opérateurs qui installent des usines en Algérie et non pas à ceux qui considèrent uniquement le pays comme un marché juste bon pour vendre leurs produits. » Le ministre a tenu à indiquer que l'avenir de l'emploi est dans le secteur économique et non pas dans l'administration. La fonction publique, a-t-il dit, ne peut en aucun cas absorber le chômage.