La promulgation du nouveau statut de la Fonction publique et la nouvelle grille des salaires continuent de susciter la réaction des syndicats autonomes. Des syndicats, qui dans l'ensemble, contestent les décisions prises par le gouvernement concernant la nouvelle grille nationale des salaires. Le bureau national du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) a, au préalable, dénoncé l'exclusion de son syndicat, à l'instar des autres syndicats autonomes, des négociations ayant trait à cet épineux dossier qui concerne les travailleurs algériens de manière générale. Le CNES ne comprend pas la position du gouvernement qui persiste à ancrer la rupture avec la société à travers des négociations verrouillées et formelles, loin de celles responsables et transparentes, avec des partenaires sociaux ayant démontré à maintes reprises leur réelle représentativité sur le terrain. Le CNES regrette le fait que le document portant sur le projet de la grille des salaires qui revêt une profonde importance et des conséquences décisives soit diffusé à travers des canaux douteux. « Nous sommes un partenaire social incontournable et de ce fait, nous aurions souhaité être associés au débat. Nous considérons que la fuite clandestine d'un document aussi important porte préjudice à la crédibilité de l'Etat et de l'autorité de ses institutions », a expliqué Abdelmalek Rahmani, coordonnateur national du CNES. Analysant le contenu de la nouvelle grille, le CNES dresse un tableau des plus critiques en affirmant que celle-ci est venue tout simplement ruiner les espoirs des centaines de milliers de fonctionnaires au lieu de donner la vraie place qui sied à la Fonction publique et la possibilité de mettre fin aux souffrances sociales, surtout à la lumière de l'effondrement vertigineux du pouvoir d'achat et du niveau de vie. Très déçus, les enseignants qualifient les nouvelles mesures de replâtrage conjoncturel dont la tutelle les avait habitués depuis les années 1990. « Ceci démontre que ces nouvelles mesures sont en totale contradiction avec la volonté affichée des hautes instances du pays, re-exprimée à maintes occasions, pour la prise en charge réelle de l'élite nationale et de la valorisation des compétences de ce pays afin d'alléger la fuite galopante des cerveaux », dira M. Rahmani. Ce dernier fera remarquer que ces mesures de rapiéçage ne prétendent s'élever nullement aux ambitions des enseignants de l'enseignement supérieur à travers la plateforme de revendications de leur syndicat. Ayant décortiqué le projet relatif à la grille des salaires, les représentants du CNES illustrent leurs propos par des exemples : ils relèveront que le salaire net proposé, dans la nouvelle grille, au professeur de l'enseignement supérieur — le plus culminant grade titulaire du plus élevé diplôme — ne dépasse guère celui d'un cadre moyen de certains secteurs économiques nationaux. Il est à peine égal à celui d'un assistant — le plus bas grade — dans une université marocaine. « La comparaison est utopique avec les salaires des collègues des pays développés », a lancé déçu le représentant du CNES. Face à cette situation, le CNES n'envisage pas de saisir le ministère de tutelle qui, de son avis, a montré « son inaptitude » à matérialiser leurs revendications, mais par contre, il appelle le premier magistrat du pays afin qu'il intervienne pour réparer une injustice qui n'a que trop duré, en l'occurrence celle d'avoir un statut social décent et un salaire digne, à l'image des enseignants maghrébins.