« Le gouvernement n'a pas opéré une grande refonte en matière d'augmentation des salaires. La nouvelle grille est pratiquement identique à l'ancienne avec seulement un nouvel habillage. Elle est restée fermée. Tout est ambigu et nous n'avons pas l'intention de rester les bras croisés, nous allons passer à l'action. » Ce sont là les propos tenus par l'ensemble des représentants des syndicats du secteur de l'éducation. Ils ont réagi aux décisions prises mercredi passé par le conseil du gouvernement. Des décisions qualifiées par ces syndicats autonomes « d'une fuite en avant et de la poudre aux yeux ». D'emblée, les premiers responsables du Satef, du CLA, du Cnapest, de l'Unpef se sont interrogés sur les raisons qui empêchent le gouvernement de procéder aux augmentations dans l'immédiat. « A l'heure actuelle, le pouvoir d'achat des citoyens est très dérisoire, donc il est urgent d'augmenter maintenant et non pas demain les salaires des travailleurs. En 2008, les travailleurs, entre autres les enseignants, seront dans l'obligation de revendiquer une autre augmentation des salaires, car en réalité le nouveau salaire ne traduit nullement la dévalorisation du pouvoir d'achat », a expliqué M. Bekhouche, représentant du Satef. Abondant dans le même sens, M. Osmane du CLA estime que la nouvelle grille ne répond pas au coût du pouvoir d'achat. « Nous sommes étonnés d'entendre des responsables d'un syndicat, en l'occurrence l'UGTA, annoncer en toute fierté que les augmentations varient entre 3000 et 6000 DA, et ce, au moment où les enseignants ne cessent de demander une augmentation allant de 30 000 à 50 000 DA », dira M. Osmane qui menace qu'à partir d'octobre son organisation compte faire pression en usant de tous les moyens pour faire aboutir leurs revendications et pour exiger des explications quant aux mécanismes utilisés pour l'élaboration de la nouvelle grille. De son côté, M. Ider, représentant de l'Unpef, s'est dit déçu de constater que le secteur de l'éducation reste toujours le maillon faible de la chaîne. « Nous ne sommes pas dupes. Nous avons étudié la grille proposée par le gouvernement et nous avons constaté entre autres que l'Etat a procédé à l'augmentation de la valeur du point et a en parallèle diminué le nombre de points. Cela démontre la légèreté avec laquelle le dossier a été traité », indiquera M. Ider, qui plus loin expliquera que la carrière professionnelle de l'enseignant était constituée de dix échelons dans l'ancienne grille, elle est passée à douze dans la nouvelle grille, mais, selon notre interlocuteur, les enseignants sont pénalisés, car la valeur des échelons va diminuer. Analysant en profondeur la nouvelle grille, M. Ider fera remarquer qu'en 1980, les professeurs de l'enseignement secondaire (PES) gagnaient quatre fois et demi le SMIG et ils étaient supérieurs à l'administrateur, mais dans la nouvelle grille des enseignants, on constate avec amertume que l'administrateur surpasse les PES. « Toutes les promesses faites au monde de l'éducation n'ont pas été tenues. Chez nos voisins, notamment le Maroc, l'enseignant débute avec un salaire avoisinant les 1200 dollars. Le président de la République avait à maintes reprises déclaré que l'éducation est un secteur stratégique, mais sur le terrain aucun effort n'est déployé pour revaloriser les diplômes et rendre justice à l'enseignant », a souligné M. Ider, qui au passage a tiré à boulets rouges sur l'UGTA qui, de son avis, n'a pas su négocier, car elle est mal placée pour défendre un secteur dont elle ignore les véritables problèmes. Face à cette situation, M. Ider lance un appel à tous les syndicats pour une réunion de concertation afin de décider d'une action de contestation commune. « Nous sommes pénalisés par ces nouvelles décisions et à cet effet, nous ne comptons pas nous taire, nous allons incessamment occuper le terrain », confirmera-t-il. M. Mériane du Cnapest n'arrive pas à expliquer pourquoi le gouvernement va attendre 2008 pour opérer des augmentations. « Peut-on dire à un malade que l'on ne peut pas le soigner maintenant et qu'il devra attendre 2008. C'est aberrant », dira M. Mériane, qui estime que les augmentations des salaires doivent se faire systématiquement pour éviter le déséquilibre quant au pouvoir d'achat.