Alors que le débrayage se poursuit Le CLA désavoue Benbouzid La base du mouvement, réunie hier en assemblée générale, rejette la rencontre préliminaire et l'indemnité de qualification proposée par les pouvoirs publics. Contrairement aux déclarations du ministre de l'Education nationale, faites à la presse audiovisuelle, dans lesquelles il a annoncé que les négociations se sont bien déroulées et l'augmentation des salaires ainsi que la reprise des cours se feront incessamment, le secrétaire général du Conseil des lycées d'Alger affirme que la rencontre en question n'est qu'une journée d'étude destinée à informer les membres de la délégation des décisions prises, au préalable, par le gouvernement et la Fédération nationale des travailleurs de l'éducation (FNTE). “Le communiqué de presse élude les autres revendications et suggère que les négociations engagées avec la Fédération nationale des travailleurs de l'éducation (FNTE) ont eu la caution des enseignants grévistes et des autres syndicats autonomes. Cette grosse manipulation médiatique, terriblement mal montée, a été déjouée par la délégation du Conseil des lycées d'Alger (CLA) qui a mis en garde le ministre contre toute manœuvre de fait accompli, en demandant l'ouverture d'une véritable négociation”, déclare le responsable des lycées d'Alger, hier, lors d'une assemblée générale au siège du CNES. Pour M. Osmane, l'indemnité, annoncée de façon unilatérale par le Chef du gouvernement, est incompatible avec les revendications d'une augmentation de 100%. Selon notre interlocuteur, cette prime reste largement insuffisante à l'égard des qualifications des professeurs du secondaire et à l'évolution du pouvoir d'achat. Par ailleurs, la base du mouvement, réunie hier en assemblée générale, rejette la rencontre préliminaire et l'indemnité de qualification proposée par les pouvoirs publics. D'ailleurs, la base s'est montrée virulente à l'égard du ministre de l'Education nationale. “Le ministre a voulu nous manipuler, nous allons réagir”, déclare un délégué du conseil autonome qui ajoute : “La rencontre préliminaire qui a réuni la délégation des enseignants grévistes et Benbouzid n'a pas inscrit à l'ordre du jour la plate-forme de revendications. Le ministre de l'Education nationale voulait piéger la délégation du Cla en la rencontrant le jour même où M. Ouyahia a décidé d'augmenter les salaires des enseignants, tous paliers confondus, afin d'éviter une véritable négociation. Devant cette machination, nous maintenons notre position de poursuivre la grève jusqu'à mercredi.” Le secrétaire général du Conseil des lycées d'Alger considère que le mouvement a arraché cette augmentation grâce à la détermination des professeurs du secondaire et affirme que Benbouzid, dans sa déclaration rendue publique, n'a même pas fait allusion aux autres revendications comme le statut particulier des enseignants du secondaire et la retraite après 25 ans de service. “Nous avons besoin d'une décision ferme et de réelles garanties, pas d'une commission de travail qui ne rime à rien. Nous sommes déterminés à faire aboutir nos revendications et nous maintenons notre décision même si les pouvoirs publics poussent le conflit au pourrissement, on lui donne un ultimatum jusqu'à mercredi pour ouvrir de véritables négociations, au-delà de cette date, la tutelle assumera toute la responsabilité quant aux conséquences qu'engendrerait cette situation, sinon ce sera une grève ouverte”, conclut Redouane Osmane. N. A. Le Cnapest rejette les augmentations Mériane campe sur ses positions Alors que le gouvernement n'est pas prêt à faire plus de concession, le Cnapest maintient sa grève tout en considérant insignifiantes les augmentations de salaires. Ce syndicat autonome, qui mobilise plus de 44 wilayas sur le territoire national, maintient son préalable pour toute négociation avec le ministère de l'Education nationale, à savoir être reçu par le ministre de la tutelle comme partenaire social. Hier, et pour la deuxième fois, les membres du Cnapest se sont retirés de la table des négociations face au refus de leur vis-à-vis d'ouvrir les pourparlers avec eux en tant que syndicalistes. Il est à rappeler que les responsables au niveau du ministère de l'Education nationale ne veulent pas les considérer comme tel en avançant comme argument le fait que, juridiquement, le Cnapest n'est pas agréé. Pour leur part, les dirigeants de ce mouvement de protestation font une autre lecture. Ils considèrent que le pouvoir ne veut pas voir se constituer des syndicats autonomes qu'il ne pourra pas domestiquer comme il l'a fait avec l'UGTA. Selon ces syndicalistes, les autorités veulent les amener à négocier comme un groupe d'enseignants grévistes pour qu'ensuite, la tempête passée, ils seront renvoyés aux calendes grecques. Les appels répétés de la tutelle au Cnapest, l'invitant à négocier pour trouver une solution à ce conflit social qui perdure, prouvent que cette organisation pèse lourd. Les services du gouvernement ont dû certainement vérifier la force de sa mobilisation sur le territoire national. “Nous sommes présents dans 44 wilayas et nous avons enregistré, hier, l'adhésion de trois wilayas. Ghardaïa, Sidi Bel Abbès et Adrar ont rejoint la grève”, relève M. Mériane. Ce dernier considère l'augmentation des salaires, décidée par le gouvernement, comme insignifiante. Interrogé sur le bruit qui court faisant état de l'arrêt de la grève, le secrétaire général de ce syndicat rétorque : “Ce ne sont que des rumeurs de rue. Les professeurs ne sont pas concernés et ne sont pas satisfaits par ces augmentations. On n'a encore rien négocié. C'est une décision pour laquelle nous n'avons pas été associés. D'ailleurs, même les autres syndicats autonomes ne l'ont pas été.” Par ailleurs, M. Mériane estime que les commissions mixtes constituées entre les cadres du ministère de l'Education nationale et des professeurs, qui traiteront du statut particulier de l'enseignant, de la retraite et de la réforme de l'enseignement secondaire, ne sont qu'une fuite en avant de la tutelle face aux problèmes posés. “Ils veulent noyer le poisson dans l'eau. C'est un secret de Polichinelle. Chaque fois qu'on veut se débarrasser d'un dossier sensible et dont son utilité est reconnue par l'opinion publique, on lui crée une commission pour l'étouffer dans l'œuf.” Le Cnapest tiendra son conseil national mardi prochain au cours duquel toutes ces questions seront discutées. Ces responsables syndicaux ne semblent pas prêts à remettre leur blouse. Au contraire, ils accusent le gouvernement de verser dans la manipulation en utilisant les médias lourds. Mourad Belaïdi Tizi Ouzou La FNTE et le Cnapest poursuivent la grève Les nouvelles augmentations de salaires accordées aux enseignants n'ont pas convaincu le Syndicat d'entreprise des travailleurs de l'éducation (SETE-FNTE) de la wilaya de Tizi Ouzou à geler le mot d'ordre de grève de quatre jours décidée par sa tutelle. Résultat : de nombreux établissements des trois paliers ont été paralysés hier au chef-lieu de wilaya tout comme dans les zones rurales, le débrayage étant largement suivi, selon des informations obtenues auprès de différentes sources. L'adhésion au mouvement de protestation, M. Aït Hamou, SG du SETE, l'explique par la déception des travailleurs quant aux résultats de la bipartite ministère de l'Education nationale-syndicats et les retards mis dans le versement de leurs salaires. C'est pourquoi le SETE maintient son rassemblement prévu le 23 novembre devant la direction de l'éducation de Tizi Ouzou. La même désapprobation est partagée par les enseignants du secondaire affiliés au Cnapest qui ont entamé, samedi dernier, leur sixième semaine de grève. Tout en rejetant cette augmentation, ils dénoncent l'omission des deux autres revendications, à savoir le statut particulier et le départ à la retraite après 25 ans de service. A. T. Coordination syndicale de la formation et de l'enseignement professionnels Menace de débrayage à Tizi Ouzou Un préavis de grève qui prendra fin le 30 novembre prochain a été déposé par la Coordination syndicale de la formation et de l'enseignement professionnels, affiliée à l'UGTA de Tizi Ouzou, qui menace de recourir à un débrayage d'une semaine si aucune avancée n'est entreprise par l'administration dans la prise en charge des revendications socioprofessionnelles des travailleurs du secteur. Dans une déclaration rendue publique, les membres de la Coordination syndicale ont constaté : “À l'effet de réexaminer la situation qui prévaut dans le secteur, la situation socioprofessionnelle ne cesse de se dégrader ; et la DFEP continue d'afficher un mépris quant à la prise en charge réelle et effective des revendications.” Dans la même déclaration, la Coordination déplore l'échec du dialogue auquel elle avait toujours appelé, afin de trouver une issue aux problèmes des travailleurs, et condamne “les basses manœuvres et autres procédés machiavéliques, dressant les travailleurs les uns contre les autres, visant le sabordage d'un dialogue responsable”, afin de trouver une solution définitive aux anciens problèmes auxquels d'autres sont venus se greffer. La concrétisation des 185 postes alloués au secteur, la permanisation des vacataires sans condition, la réhabilitation des établissements touchés par le séisme sont, entres autres, les revendications de la Coordination syndicale. SAMIR LESLOUS GRÈVE DU SECONDAIRE À CONSTANTINE Le ministre divise les grévistes L'augmentation des salaires de 5 000 DA, annoncée, ce week-end, par la tutelle, provoquera un début de fissure dans le mouvement de grève des enseignants affiliés à la quarantaine d'établissements du secondaire de la wilaya. Entre ceux qui sont favorables à la reprise et ceux déterminés à faire valoir leur droit à l'exercice syndical, la représentation du Cnapest n'aura d'autre alternative que de déclencher une série de consultations avec la base pour se repositionner. Au niveau de chaque lycée, le collectif d'enseignants devra tenir conseil cette semaine pour revoir sa position à la lumière des nouvelles données. La synthèse de l'ensemble des concertations, ainsi que les décisions émanant du bureau national après la réunion de mardi prochain, permettront de dégager la ligne de conduite à adopter. En attendant, la grève est reconduite pour la cinquième semaine. Hormis ceux de Bardot et de Fadhéla-Saâdane n'ayant pas répondu au début à l'appel du Cnapest, la plupart des établissements étaient, jusqu'à hier, paralysés. Des sources proches de la direction de l'éducation ont fait état d'une “reprise mitigée du travail”. Pour un groupe de grévistes, si l'information n'a aucun fondement pour l'heure, cette probabilité sera envisageable pour certains d'entre eux. Ces derniers privilégient le gel du débrayage jusqu'au mois de janvier, échéance à laquelle la tutelle devra honorer ses engagements. “À l'issue de quoi, on avisera de la suite à donner à notre combat”, disent-ils. D'autres, en revanche, inflexibles, refusent tout compromis. La reprise à leurs yeux demeure “tributaire de la reconnaissance du syndicat Cnapest”. NAIMA DJAKHAR