Les chemins des équipes d'Algérie et d'Allemagne vont se croiser, ce soir à Porto Alegre, pour la troisième fois dans l'histoire des confrontations entre les deux sélections. Aussi surprenant que cela peut paraître, les deux fois où Algériens et Allemands se sont rencontrés, c'est l'Algérie qui s'est imposée. La première fois, au lendemain de l'indépendance, l'Allemagne était venue disputer un match amical au stade du 20 Août (à l'époque stade municipal) et est repartie avec une défaite (2-0) dans ses valises. C'était entre les deux Coupes du monde de 1962 et 1966. La seconde fois, c'est le 16 juin 1982 à Gijon. Ce jour-là, la génération Belloumi-Assad-Madjer avait terrassé l'ogre allemand (2-1). Trente-deux ans plus tard, les deux sélections vont se retrouver dans un contexte qui a changé : l'Allemagne est toujours plus forte, l'Algérie court toujours derrière une pérennité dans les résultats et les participations à la Coupe du monde. Elle en est à son quatrième Mondial, le deuxième consécutif. Malgré la grande différence qui sépare le palmarès des deux sélections, les Verts sont animés par le même désir qu'en 1982. Battre l'Allemagne. Jamais deux sans trois ? Réponse ce soir vers 23h, heure du pays. Les Allemands ont plus à perdre que les Algériens dans ce match. Les camarades de Carl Medjani ont rempli leur contrat au-delà de toute espérance. Ils ont propulsé l'Algérie pour la première fois au second tour de la Coupe du monde. C'est avec un esprit résolument tourné vers l'exploit qu'ils ont préparé ce rendez-vous à Sorocaba avant de rejoindre (samedi) Porto Alegre. Comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, après la qualification, Vahid Halilhodzic a récupéré son capitaine Madjid Bougherra qu'il avait laissé souffler contre la Russie et va récupérer sa place au centre de la défense et reléguer Essaid Belkalem sur le banc des remplaçants. On prête au sélectionneur l'intention de changer encore un ou deux joueurs. La possibilité de voir Abdelmoumen Djabou sur le banc est fortement évoquée dans l'entourage des Verts. Les grands efforts physiques qu'il a consentis lors de ses deux dernières apparitions l'auraient émoussé physiquement. Un domaine où il faudra être au top ce soir. Sur la composition de l'équipe, Vahid Halilhodzic ne dévoilera ses plans qu'à la dernière minute. Une manière à lui de perturber son homologue allemand, Joachim Löw. Ce dernier prend très au sérieux l'Algérie, comme il l'a souligné en conférence de presse samedi à Campo Bahia (camp de base de l'Allemagne) où il a dit : «J'ai rarement vu une équipe jouer comme l'Algérie. Elle défend bien et attaque très rapidement, avec des joueurs très disciplinés tactiquement. Ce serait une énorme erreur de sous-estimer l'Algérie. Nous sommes en Coupe du monde et aucun relâchement n'est permis à ce niveau de la compétition avec élimination directe. Une défaite et on rentre à la maison, alors que nous sommes venus au Brésil pour gagner la Coupe du monde.» Lui aussi a des soucis d'effectif. Podolski et Boateng sont forfaits pour ce soir et il hésite entre Khedira et Schweinsteiger pour une place au milieu de terrain. Satisfait du rendement de ses joueurs au premier tour, il leur a demandé plus de concentration et de rapidité dans le jeu et a axé son discours d'avant-match sur la qualité et la rapidité de la dernière passe dans le camp adverse. L'équipe de départ ne devrait pas éloignée de celle-ci : M'Bolhi dans les buts, Mandi (ou Mostefa), Halliche, Bouguerra, Mesbah en défense, Medjani, Bentaleb Brahimi ou Taïder au milieu et Feghouli, Slimani, Djabou (ou Lacen au milieu de terrain) devant. Le match sera très certainement une bataille tactique entre les deux coaches. Dans le camp algérien (journalistes-supporters), tout tourne autour de l'interrogation suivante : nos joueurs auront-ils assez de souffle dans le coffre après trois matchs intenses pour résister au combat physique, un domaine où les Allemands sont très forts, que les joueurs de Löw tenteront d'imposer dès le coup d'envoi ? De la réponse à cette question dépendra en partie l'issue du match. Il ne faut surtout pas les regarder jouer. Défendre lorsque le ballon est dans les pieds des allemands et attaquer une fois qu'il a été récupéré. C'est ce que demande à ses joueurs Vahid Halilhodzic depuis le début de la Coupe du monde 2014. Les Verts rééditeront-ils l'exploit de 1982, prolongeant le séjour au Brésil ? C'est tout le mal que les supporters leur souhaitent.