Fortement critiqué par la presse à tort ou à raison, «coach Vahid» quitte la sélection algérienne par la grande porte. Les supporters présents au stade Beira-Rio lui ont exprimé leur reconnaissance en scandant son nom à la fin du match. Au coup de sifflet, il craque. Visiblement ému par la sensationnelle prestation du onze algérien face à la puissante machine footballistique allemande, Vahid Halilhodzic verse des larmes en fin de match. Des larmes sincères qui montrent le côté humain d'un sélectionneur ferme, au visage souvent austère. Des larmes d'adieu aussi car «coach Vahid» vit son dernier match avec l'équipe nationale d'Algérie. C'est à Porto Alegre, au Brésil, que prend ainsi fin «l'épopée» de Halilhodzic avec les Verts. Trois ans de dur labeur, d'angoisse, de colère et de joie… Fortement critiqué par la presse à tort ou à raison, «coach Vahid» quitte la sélection algérienne par la grande porte. Les supporters présents au stade Beira-Rio, lui sont reconnaissants ; ils ont scandé son nom à la fin du match. Une fin plutôt heureuse d'un parcours en équipe nationale plein d'embûches et de tensions. Arrivé en juillet 2011, alors que les Fennecs se trouvaient au milieu du gué, Vahid Halilhodzic s'est dès le début attelé avec son staff à construire, avec les moyens du bord, une nouvelle équipe capable d'honorer le football national aussi bien au niveau continental que mondial. Le technicien bosnien — qui sera remplacé par le Français Christian Gourcuff à partir du mois d'août —avait donc signé pour trois ans avec les Verts pour un double objectif : passer au second tour de la Coupe d'Afrique de 2013 et se qualifier pour la Coupe du monde. Ses débuts à la barre technique des Verts étaient timides : une victoire en match amical contre la Tunisie (1-0) et une autre pour la qualification de la CAN 2013 contre la Gambie au match-aller (2-1). Objectifs atteints Mais au fil du temps, «coach Vahid» apporte des ajustements et change la composante de l'équipe à la recherche d'un meilleur résultat. Au match retour face à la Gambie, les Verts triomphent : 4-1. Ils enchaînent par une victoire (3-0) contre le Niger en match amical et une autre (4-0) contre le Rwanda pour les qualifications de la Coupe du monde 2014. En battant la Libye au match aller (1-0) et au retour (2-0), les Fennecs se qualifient à la Coupe du monde de 2010. Mais leur parcours était plutôt décevant car ils ont été éliminés sans gloire dès le premier tour. Mais Vahid Halilhodzic tient bon. Placide, il poursuit son travail, sous une avalanche de critiques et de remises en cause de ses choix tactiques. Finie la Coupe d'Afrique, il passe sans transition à son deuxième objectif : qualifier l'Algérie pour la quatrième fois en Coupe du monde. Un objectif qu'il atteint difficilement un certain 19 novembre 2013 en battant le Burkina Faso en match de barrage (1-0). Une petite victoire mais suffisante pour que le drapeau algérien flotte au Brésil. Au pays du foot, le technicien bosnien a mal entamé la compétitionavec un match perdu face au favori du groupe, la Belgique, (2-1). Mais l'ancien attaquant de Nantes s'est vite ressaisi et a corrigé les failles de cette première rencontre pour briller en 8e de finale de la Coupe du monde. Une première dans l'histoire du football algérien. Ainsi donc, Vahid Halilhodzic, qui a déçu en Coupe d'Afrique, réalise un véritable exploit au Mondial brésilien. De par son expérience à la fois comme entraîneur et comme attaquant, «coach Vahid» a redonné vie aux Fennecs en développant un jeu offensif. En quatre matchs, les Verts marquent 7 buts dont 4 en une seue rencontre. Ce qui est considéré comme un record pour une équipe africaine. Vahid Halilhodzic s'est révélé un attaquant percutant à Mostar, en Bosnie-Herzégovine, alors en Yougoslavie, dans les années 1970. Il a commencé au Velež Mostar, une des équipes phare du championnat yougoslave qui pratique un football très offensif. Il rejoint en 1981 le FC Nantes où il reste cinq saisons et est sacré meilleur buteur à deux reprises (1983 et 1985). Vahid va ensuite terminer sa carrière de joueur au Paris Saint-Germain. Rigueur professionnelle Reconverti entraîneur dans les années 1990, il reste cet attaquant futé à la recherche de la moindre faille. Toujours offensif dans son jeu tactique, Vahid a réussi à mettre fin à la stérilité de l'attaque de l'équipe nationale. S'il n'est pas l'unique artisan de cette victoire, il y a grandement contribué par la rigueur imposée en équipe nationale. Il a fait ses preuves dans plusieurs équipes et clubs étrangers. Il a commencé à entraîner le Raja Casablanca avec lequel il remporte la Ligue des champions de la CAF et écrase le championnat du Maroc. Son exploit au Maroc lui a permis d'aller en France pour entraîner le club lillois LOSC. D'un club de Ligue 2 il fait une équipe qui joue la Ligue des champions. Réputé pour ses méthodes mettant en avant des valeurs telles que la rigueur professionnelle et le dévouement, Vahid s'impose comme entraîneur respecté par ses joueurs. Après s'être fait une grande réputation en France, Halilhodzic part entraîner des équipes ailleurs, notamment en Afrique où il a été à la tête de la sélection ivoirienne de 2008 à 2010. Caractériel, il s'adapte difficilement et évolue parfois en conflit avec la presse, comme en Algérie. Son départ de l'équipe nationale a d'ailleurs failli intervenir avant la Coupe du monde. Halilhodzic quitte la sélection nationale avec gloire, sans être présent à la dernière traditionnelle conférence de presse d'après-match. Le défenseur Bougherra et le gardien M'bolhi l'ont faite à sa place et surtout lui ont rendu un grand hommage. Le public algérien se souviendra assurément de lui. Et pour longtemps. D'ailleurs, de nombreux supporters de l'équipe nationale demandent son maintien à la barre technique. Une pétition a bel et bien été lancée…