« Tant qu'il n'y a pas de garantie, on ne peut pas accepter de déposer l'argent public dans des banques privées », déclare Mohamed-Lakhdar Badreddine, chargé des affaires économiques à l'UGTA. De l'avis de Mohamed-Lakhdar Badreddine, intervenant hier en marge du séminaire d'information et de sensibilisation sur le projet de Fonds syndical d'investissement pour l'emploi (FSIE) organisé par la Fédération nationale des travailleurs des finances, des banques et assurances (FNTFBA) au siège de l'UGTA, « les banques privées ne présentent aujourd'hui aucune garantie nécessaire qui permettrait de placer l'argent des entreprises publiques dans leurs caisses ». Raison pour laquelle M. Badreddine trouve « normale » la décision du chef du gouvernement ordonnant aux entreprises publiques à placer leur argent dans les banques publiques. « C'est une procédure normale dans la mesure où les banques publiques sont des caisses de l'Etat », dira-t-il. Il est vrai que l'affaire El Khalifa Bank est restée comme un os en travers de la gorge après le préjudice énorme qu'elle a causé au Trésor public. Et même les mutuelles ont fait les frais de cette affaire. M. Badreddine a annoncé en marge de cette rencontre une perte de près de 300 milliards de centimes pour les mutuelles dans les banques de Khalifa. Par ailleurs, le représentant de l'UGTA se dit prêt pour la contribution de l'UGTA par la tenue de séminaires afin d'aider les banques à se moderniser pour faire face à la concurrence. Comme il s'est dit disposé aussi à faire pression sur les pouvoirs publics pour préserver les emplois du secteur banquier. Aux yeux de M. Badreddine, « tant qu'on n'a pas un salaire de la Fonction publique convenable, on ne peut pas avoir une administration qui a une autorité acceptée par l'ensemble des citoyens ». Revenant sur le thème des réformes économiques, M. Badreddine a tenu à « corriger » un confrère (sans le nommer) qui aurait laissé entendre que l'UGTA aurait baissé les bras au sujet de la loi sur les hydrocarbures. « Sidi-Saïd a parlé des réformes, ce n'est pas un changement de ligne, on fait des réformes pour apporter une performance aux entreprises », souligne M. Badreddine. Ajoutant : « Nous ne sommes pas des gens qui agissent dogmatiquement. » Sur la question des privatisations enclenchées depuis 1997, le représentant de la centrale syndicale insistera sur le fait que « ce n'est pas l'UGTA qui s'oppose aux privatisations, mais c'est le gouvernement qui ne sait pas ce qu'il veut faire ». En tout cas, souligne-t-il, « nous sommes ouverts à la concertation et au dialogue et notre seule stratégie est qu'il n'est pas question de toucher aux entreprises performantes ». M. Badreddine précise, par ailleurs, que le gouvernement ne les a saisis, pour l'instant, sur aucun projet de loi. Pour revenir au thème du jour, le Fonds de solidarité FTQ en l'occurrence, M. Badreddine a expliqué le retard de sa naissance par le fait que celui-ci demande beaucoup plus de concertation avec le gouvernement. Il convient de préciser que ce fonds a pour seul objectif d'aider avec de l'argent frais les PME/PMI en difficulté en leur imposant des règles pour s'assurer que cet argent va vers la relance et la performance. Et ce, « pour sauver les emplois et les entreprises en difficultés », selon M. Badreddine. La procédure, qui s'inspire de l'expérience québécoise en la matière, consisterait à convaincre les travailleurs et même d'autres personnes physiques à contribuer par la création d'un pareil fonds pour aider les entreprises en difficulté financière. La rencontre d'hier avait pour objectif de « sensibiliser » les syndicalistes et les travailleurs pour qu'il y ait une souscription à ce fonds parce que, selon ses initiateurs, « ce fonds, après près de 10 ans de maturité, doit voir le jour ». Il reste que sa gestion doit être, explique M. Badreddine, confiée à une administration neutre qui peut être contrôlée par l'IGF, les souscripteurs, les syndicalistes (...). Précisant qu'« il ne s'agit pas de dons et dès que l'entreprise à laquelle est injecté de l'argent ou aidée a le niveau de performance requis, l'argent doit être récupéré ». Pourquoi le choix des banques, des assurances et des entreprises pétrolières pour la tenue d'une telle rencontre sur le FSIE ? Ces entreprises sont stables, selon M. Badreddine. En dernier lieu, le représentant de l'UGTA ne voit pas de raison pourquoi ce fonds ne serait pas une réussite en Algérie lorsqu'on sait que « ce Fonds, créé en 1983 dans un contexte de crise économique au Québec à partir de zéro dans sa caisse, a atteint aujourd'hui près de 250 milliards de dinars », selon la représentante du Fonds de solidarité FTQ, Mme Louize. Ce fonds, selon elle, compte 500 000 épargnants.