Liberté : Trouvez-vous normal que le patronat et le gouvernement écartent les syndicats autonomes, du moins les plus représentatifs, du dialogue social ? Lakhdar Badreddine : Il existe un dialogue social entre les pouvoirs publics et les autres syndicats. Je crois qu'ils sont deux syndicats autonomes. Au niveau des négociations, la loi est claire et seule l'UGTA est la plus représentative. Ceux qui aiment les travailleurs doivent les aider à s'organiser dans un seul syndicat démocratique, afin de bien défendre leurs intérêts. Or, il n'y a que l'UGTA qui réponde à cela. Mais que faites-vous de la réalité du terrain et celle des autres syndicats ? L'unité des travailleurs ne peut se faire que dans une organisation ouverte aux différentes sensibilités, comme c'est le cas de l'UGTA. Il y a pourtant des anciens syndicalistes de l'UGTA qui, ne pouvant pas s'exprimer dans votre organisation, ont quitté l'UGTA et créé d'autres syndicats… ? L'UGTA est ouverte à toutes les sensibilités et il n'y a pas de syndicalistes qui l'ont quittée. Pourquoi n'avez-vous pas invité les autres syndicats à ce séminaire sur la privatisation et le dialogue social ? Ça ne les concerne pas. Ils n'existent pas dans le secteur économique. Ce sont quand même des syndicats… ? Ils veulent briller sur notre dos. Comment voulez-vous créer un front solide si vous n'envisagez pas d'ouvrir des passerelles avec les autres syndicats ? Nous n'excluons pas ces passerelles… C'est à eux à venir frapper à notre porte, s'ils veulent qu'il y ait une action syndicale commune. La priorité d'un syndicat (autonome, ndlr) n'est pas d'aller à la tripartite, mais vers l'action syndicale unitaire. Propos recueillis par H. A.