Les participants aux débats organisés hier au siège d'El Moudjahid autour du pacte économique et social, paraphé lors de la 12e tripartite, le 30 septembre dernier, par le gouvernement, le patronat et l'UGTA, à Djenane El Mithak, ont plaidé pour le dialogue pour éviter les conflits sociaux. Lors de son intervention, le représentant du ministère du Travail et de la Sécurité sociale, M. Zaïdi, a expliqué que ce pacte résultait d'un « consensus » autour du programme du président de la République, mais aussi de la reprise de la croissance que les trois partenaires se sont entendus pour consolider. Pour sa part, le patron de la Confédération algérienne du patronat (CAP), Boualem Merakchi, a estimé que ce pacte devrait permettre « un meilleur arbitrage en cas de conflit » pour instaurer une justice sociale grâce à une « concertation constante ». « Le droit syndical ne sera pas remis en cause puisque le pacte prévoit la consécration du dialogue qui va limiter les tensions sociales », a rassuré de son côté le chargé des affaires économiques à l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Mohamed Lakhdar Badreddine, qui a estimé que « le dialogue et la concertation doivent être privilégiés pour prévenir les conflits et éviter le recours à la grève ». Les représentants de l'UGTA et du patronat ont répondu par ailleurs à ceux qui prétendent que la signature de ce pacte par les deux entités résultait de « pressions politiques ». « Nous avons une vision, on a signé en toute liberté pour ne pas dire que nous sommes les principaux acteurs », réplique M. Badreddine. M. Merakchi dira : « Nous ne sommes pas politiquement guidés, nous agissons en tant que syndicat du point de vue légal. » « On est libre » Le représentant de la CAP recommande l'application rapide de ce pacte. « Nous avons fait du retard pour réaliser ce pacte, maintenant il faut faire vite pour l'appliquer », dira M. Merakchi qui estimera que « le plus dur reste dans l'application de ce pacte ». Pour le représentant du gouvernement, M. Zaïdi en l'occurrence, « le moment est propice en dehors de toute considération électoraliste ». M. Zaïdi répond aux inquiétudes de ceux qui pensent que le gouvernement n'a pas de vision en ce qui concerne l'avenir des entreprises publiques. Aux yeux de M. Zaïdi, « le pacte est clair, il y a une vision concernant l'entreprise, chacun des partenaires doit maintenant apporter sa pierre pour la réhabilitation ou la mise à niveau des entreprises ». M. Badreddine rassure que « le pacte prévoit un certain nombre de préconisations pour permettre aux entreprises de décoller ». Zahir Farès, membre du CNES, intervenant à titre personnel, salue ce pacte dans la mesure où, selon lui, celui-ci prévoit la participation des travailleurs dans le développement économique. Il s'est réjoui aussi du fait que ce pacte inclut la notion de croissance. M. Farès suggère néanmoins qu'on précise quelle croissance on veut. Sur le dialogue social, il aurait fallu, selon lui, être plus précis sur l'ensemble des droits sociaux. M. Farès regrette par ailleurs qu'il n' y ait pas eu débat au sein du CNES pour être à l'initiative d'une proposition d'un pacte. « Il n'y a pas eu de maturation suffisante du dossier du CNES », a-t-il révélé. A la question de savoir pourquoi les autres syndicats n'ont pas été associés à la confection de ce pacte, M. Zaïdi estime qu'« il n'y a que l'UGTA qui remplit les conditions ». M. Badreddine estime pour sa part que « la loi est claire, pour être négociateur il faut avoir au minimum 20 % des travailleurs ». Avant d'ajouter que dans ce cadre « l'UGTA répond aux critères de négociation ». Toutefois, a-t-il tranché, « l'UGTA ne ferme pas ses portes aux autres syndicats même ceux qui nous ont critiqués ». Invité à commenter les déclarations du FMI selon lesquelles « les augmentations des salaires sont un choc pour l'économie », M. Badreddine répond tout simplement que « le FMI nous a rendu visite, il ne nous a pas contestés et cela prouve qu'on est libre ». Le représentant de l'UGTA avertit toutefois que d'autres augmentations salariales ne pourront pas être supportées par les entreprises non performantes. Exprimant un avis personnel à ce sujet, M. Badreddine se demande s'il ne faut pas réfléchir à la dévaluation du dinar pour que les entreprises puissent supporter les charges. Les participants à ce forum ont posé comme conditions à la réussite de ce pacte une réforme des banques publiques, « une mise à niveau » des entreprises publiques non encore privatisées et l'instauration de la « confiance » vis-à-vis du secteur privé.