Comment agir sur l'environnement économique et sur le système fiscal en Algérie pour améliorer les rendements de la fiscalité ordinaire et parvenir, ainsi, à en faire un substitut aux ressources d'hydrocarbures qui dominent le budget de l'Etat ? C'est cette problématique majeure, mettant en jeu le devenir même de l'économie nationale, que tente d'appréhender la fiscaliste Hayet Bouilef dans son ouvrage intitulé La mobilisation des ressources publiques par la fiscalité ordinaire en Algérie, paru tout récemment aux éditions ENAG. Alliant analyse didactique et connaissances pratiques de la chose fiscale en Algérie, l'auteure, forte de son expérience professionnelle en tant qu'inspecteur central des impôts, mais aussi de son statut de doctorante à l'université Paris-Dauphine (France), propose de nouvelles pistes de réflexion et de réformes pour donner à la fiscalité ordinaire un rôle autrement plus prépondérant dans la structure des finances publiques. Tout en démontrant qu'une bonne part des dépenses de l'Etat est couverte par une fiscalité pétrolière qui risque, à terme, de sensiblement s'amenuiser, voire de se tarir, Hayet Bouilef suggère, en substance, de nécessaires réformes structurelles devant porter sur la mise en œuvre d'une stratégie de valorisation du contrôle fiscal, le renforcement du recouvrement de l'impôt mais, aussi, l'amélioration du traitement du contentieux fiscal. Somme toute, note l'avocat et fiscaliste Ahmed Sadoudi, en avant-propos de l'ouvrage, «l'auteur préconise la modernisation du système fiscal à la fois dans son cadre juridique, organisationnel et fonctionnel», ainsi que «la nécessité d'améliorer les relations entre l'administration et le contribuable», tout en incitant ce dernier «à avoir plus de civisme fiscal pour un meilleur consentement à l'impôt». L'ouvrage, au demeurant souligné par le même fiscaliste, met également en avant l'urgence de mener une lutte sans merci contre l'économie informelle, l'évasion et la fraude fiscales qui constituent, rappelle-t-il, des fléaux malheureusement avérés dans le contexte économique algérien. Aussi, l'amélioration des rendements de la fiscalité ordinaire, suggère en définitive Hayet Bouilef, constitue à la fois un objectif de survie des finances publiques, tout en se révélant être un enjeu de réforme impliquant les fondements même de l'économie nationale dans son ensemble.