Située à l'entrée nord de la ville de Ouargla, la zaouïa du cheikh Sidi Belkheir Echatti Al Ghiryani est sans doute la plus visitée par les mariés et les passagers de Ouargla. Il s'agit d'un des nombreux marabouts de la ville de Ouargla, son saint protecteur. Eau et sainteté Un saint qui, malgré les approbations et les réprobations, unit tout le monde quant au souvenir d'un homme du Coran, un homme étroitement lié à la recherche d'eau dans le désert. Un thématique qui reste d'actualité en ces temps où l'exploitation d'énergies non conventionnelles attise les passions. L'histoire de ce saint homme est donc intimement liée au Chott de Aïn Beïda où il a fondé sa zaouïa, huit siècles plus tôt. Sidi Belkheir est originaire de Djebel Gheriane en Libye et sa waâda ou ziara annuelle se déroule chaque année au printemps. Mais le mausolée est sollicité quotidiennement, lors des fêtes de mariage, quand les jeunes mariés commencent la semaine de célébration par une grande visite en famille, et en tenue traditionnelle, pour chercher la baraka du cheikh. Une ziara ininterrompue Plusieurs cortèges s'y rendent chaque jour et il arrive souvent que plusieurs mariés s'y rencontrent dans la joie et le bonheur du partage ou, après avoir lu la Fatiha, une offrande est distribuée aux enfants venus avec la procession et ceux du village de chott où se trouve le mausolée qui porte le nom du saint patron. La thématique de l'eau n'est jamais loin, puisque Sidi Belkheir est connu pour avoir fait jaillir du sol une source d'eau qui existe toujours et dont elle porte le nom. Elle se situe tout près de la grande mosquée et du mausolée du cheikh. Le reste du village s'est formé autour de cette zaouïa qui se situe au cœur de la localité et des habitants qui vénèrent le saint homme au mille et unes légendes. D'autant plus que la zaouïa de Chott avait pour surnom celui de la petite Fès, de par l'importance de son rayonnement culturel régional vu qu'elle s'est spécialisée, dès sa fondation, dans l'enseignement coranique et la propagation du rite malékite dans le sud algérien. Prônant la piété, la tolérance et la bienfaisance, la zaouïa de Sidi Belkheir a déteint sur ses riverains et aux alentours et même si son rôle politique est peu connu et divulgué, c'est surtout par son rayonnement éducatif et social qu'elle reste la plus aimée et la plus visitée, et par les autochtones et par les passagers et autres nouveaux venus s'installer dans la ville de Ouargla qui y viennent au moins deux fois dans leur vie, quand ils s'installent et quand ils repartent à la retraite ou en mutation. Chadiliya Les adeptes de cette zaouïa sont des disciples de la tarîqa chadiliya al habibia, une voie spirituelle qui prône le soufisme pur et le retour à Dieu. Prohibant toutes sortes de fanatisme et d'extrémisme religieux, cette tarîqa est enseignée et suivie durant El wird ou les psalmodies quotidiennes. La zaouïa compte, en effet, des élèves venant des quatre coins du pays mais aussi de l'Afrique subsaharienne pour prendre une partie du savoir nécessaire aux tollab du Coran qui sillonnent généralement le territoire algérien à la recherche d'un enseignement de qualité à travers le réseau des zaouïas qui s'étend du nord au sud et s'intensifie dans la wilaya de Ouargla, comptant au moins deux saints, sièges de grandes tourouq universelles, à savoir la Qadiria et la Tidjania.