L'annonce officielle de la présence algérienne à ces célébrations, faite par le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra, vient de confirmer l'annonce française. La participation algérienne aux célébrations du 14 Juillet à Paris, coïncidant avec le centenaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale, fait polémique et suscite débat et réactions des deux côtés de la Méditerranée. L'annonce officielle de la présence algérienne à ces célébrations, faite par le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra, vient de confirmer l'annonce française. Un peu comme pour le survol du territoire algérien par les avions français lors du déclenchement de l'opération Serval au Mali, l'opinion publique algérienne est d'abord informée par l'Hexagone de ce que décident les hauts responsables algériens. Mais au-delà de qui informe qui, l'information en elle-même ne laisse pas de marbre. Faut-il prendre cette présence comme un devoir de mémoire envers les 170 000 Algériens ayant pris part, pour la plupart de force, à la Grande guerre, dont 27 000 y ont perdu la vie, ou comme une volonté de tourner la page du lourd contentieux historique entre les deux pays ? Les avis sont partagés et les officiels algériens sont avares en réponses. Dans son annonce de la décision algérienne, M. Lamamra est resté ambigu sur la forme que prendra cette participation aux festivités du 14 Juillet. «L'Algérie participera, dans le même format et dans les mêmes conditions que 80 autres nations dont des citoyens sont tombés sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale», a-t-il dit, avant d'ajouter que «le peuple algérien assume toute son histoire et honore ses propres contributions à la liberté à travers le monde». Est-ce à dire que des militaires algériens défileront au même titre que les militaires d'autres pays, sur la place de la Concorde à Paris ? C'est le ministre de l'Intérieur français qui apporte la réponse : «Les trois militaires algériens participeront à une ‘animation' sur la place de la Concorde mais ne prendront pas part au défilé.» Alors qu'une source du ministère de la Défense nationale affirmait à El Watan, le 18 juin dernier, le refus catégorique de l'ANP de participer aux cérémonies du 14 Juillet, l'état-major de l'ANP reste aujourd'hui bien silencieux sur cette question. Pour ce qui est des sociétés civiles, les réactions ont émané du côté algérien. D'abord du secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidine, Saïd Abadou, dont le parti, le RND, est favorable à la participation. «On pourra imaginer un défilé militaire ensemble lorsque l'ancienne puissance coloniale présentera ses excuses pour les crimes commis en Algérie», indique M. Abadou, en affirmant que les moudjahidine ont fait savoir qu'ils sont contre cette décision. Le président du Mouvement pour la société et la paix, Abderrazak Makri, a joint sa voix à celle de Saïd Abadou pour dire aussi son refus : «La politique étrangère algérienne repose sur le patrimoine de la guerre de Libération. Entre les Algériens et les Français, il y a un contentieux. Les militaires algériens ne doivent pas défiler avec les militaires français. Il y a une histoire entre nous. Et les Français refusent la repentance alors qu'ils demandent toujours aux Turcs un acte de repentance par rapport à ce qui s'est passé avec les Arméniens. Nous sommes des enfants de chouhada et de moudjahidine ; nous revendiquons la repentance et l'indemnisation», a-t-il déclaré au site électronique TSA. Du côté français, un collectif appartenant à l'extrême droite, baptisé Non au défilé des troupes algériennes, a été créé et qualifie même la présence militaire algérienne de «honteuse et indigne». Certaines organisations de harkis ont salué, pour leur part, cette présence algérienne. Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, appelle à «ne pas mélanger les conflits», ajoutant qu'«il ne s'agit pas de la guerre d'Algérie». A noter que, selon des statistiques françaises, 23 000 Algériens sont morts lors de la Première Guerre mondiale alors qu'une association belge, Les héros oubliés de la Grande guerre, estime le nombre de victimes à 27 000.