Sentiments d'impuissance, de culpabilité. Beaucoup d'Algériens souhaitent aider les réfugiés subsahariens arrivés ces derniers mois, mais ils ne le peuvent pas. Les quelques pièces de monnaie données à ceux qui tendent la main reste le geste du dernier recours. Il faut dire que la prise en charge des ressortissants subsahariens est du rôle des pouvoirs publics. Les associations et les citoyens ne peuvent s'y substituer, même s'ils apportent leur aide et leur assistance. Accroupis à l'angle des rues et des boulevards, les réfugiés subsahariens demandent l'aumône en ce mois de Ramadhan. Tenant pour la plupart un chapelet, un Coran, accompagnés d'un ou de deux enfants, c'est devenu le rituel quotidien. Les passants observent quelques instants avec compassion. «A chaque fois que je quitte mon quartier pour rejoindre mon bureau, je rencontre une famille malienne à l'angle des boulevards Belouizdad et Nacéra Nounou. La mère est toujours souriante. J'imagine que pour elle, le fait de se retrouver à Alger, après avoir fui la guerre au nord du Mali ou la famine, est plus important et plus rassurant pour ses enfants», affirme Mustapha, un habitant du quartier. De leur côté, les restaurants de la Rahma ne désemplissent pas. Ils ouvrent, comme à l'accoutumée, leurs portes aux passants, aux démunis, aux SDF et à tous ceux qui ne peuvent assurer quotidiennement le repas du f'tour. Parmi eux, on retrouve des réfugiés subsahariens. Personne ne leur refuse de s'attabler. Bien au contraire, les initiateurs des restaurants de la Rahma se réjouissent de leur offrir le f'tour. «Ce sont des familles perdues dans un pays qui leur est étranger. Tout le monde est bienvenu dans notre restaurant. Nous ne tolérons aucune discrimination ici», souligne Saïd, bénévole dans un restaurant près de Laâkiba, à Belouizdad. Des associations organisent, pour leur part, des sorties sur le terrain pour distribuer des repas aux familles subsahariennes. L'une d'elles, présidée par Remita Bachir à Laghouat, travaille dans ce sens depuis deux ans. «Dès que les réfugiés subsahariens ont commencé à affluer dans la ville, nous nous sommes sentis responsables pour les aider, les orienter, leur apporter ne serait-ce qu'un soutien psychologique», explique-t-il. Et d'ajouter : «L'aide durant le mois de Ramadhan est la continuité de nos activités.» Du côté des officiels, seul le Croissant-Rouge algérien a affirmé que «les capacités d'accueil du camp du Sud seront renforcés». Nous avons tenté de connaître la version du ministère de la Solidarité. En vain. L'Etat algérien est dans l'obligation de trouver une solution définitive pour protéger les réfugiés subsahariens. L'image du pays en dépend. L'esprit humanitaire doit primer.