Restos de la solidarité ou restos de la rahma, l'appellation importe peu. Ce qui importe, ce sont les actions caritatives qui se multiplient pendant le Ramadhan. Les initiatives des associations, des pouvoirs publics et des citoyens envers les plus nécessiteux sont nombreuses à travers tout le territoire national, notamment dans la capitale. Les initiateurs de cet élan de solidarité ainsi que les bénévoles sont très discrets. Ils parlent peu et travaillent beaucoup. Au foyer des cheminots, sis à la rue Hassiba-Ben Bouali, la solidarité est encore et toujours là. Algérois ou autres, tout le monde connaît l'endroit, depuis 1963. Ici, on sert une moyenne de 250 repas par jour aux nécessiteux, notamment les travailleurs issus de l'intérieur du pays. A l'heure du f'tour, on n'entend que le bruit des cuillères et des fourchettes. On mange et on parle peu. La discrétion est de mise. Les organisateurs ont même réservé un coin, au fond de la salle, aux femmes et aux enfants. Ils passent en priorité. Ammi Tahar, le responsable des lieux, déclare : « Le restaurant ouvre ses portes dès 18h30 pour tout le monde sans aucune distinction. » Lui et les bénévoles veillent à ce que les repas servis soient à la hauteur. Ils proposent chaque jour un plat différent. Le menu de samedi dernier était composé d'une entrée, l'inconditionnelle chorba frik, un plat de résistance, à savoir dolma et d'une salade. Le dessert, lui, comprenait des pêches et du yaourt. Dans un autre resto de la rahma à Belouizdad, plus précisément à la rue Necira-Nounou, un habitué des lieux, originaire de Jijel, nous confie : « On aurait aimé avoir un chez-soi. » Sans trop avoir le choix, il se rabat sur le restaurant de la rahma, faute de moyens. Le propriétaire de ce grand restaurant, Abdou, indique : « Nous menons de notre mieux cette action depuis dix ans. Tout ce que vous voyez est offert par des particuliers. » Les repas sont distribués dans deux salles. En quatre jours, 570 personnes ont déjà mangé dans ce resto. De nombreuses femmes sont sur place, munies de leurs couffins. Elles semblent gênées de s'attabler avec leurs enfants, elles demandent alors à emporter leur repas chez elles. Discrétion oblige. Des bénévoles et des scouts travaillent de 9h à 23h sans répit. Selon ces derniers, un menu varié et riche est proposé chaque jour. A l'heure du repas, une longue file d'attente se constitue devant la porte. Les familles passent en premier. Les bénévoles assurent parfois quatre services. « Tout le monde a droit à un repas », déclare Abdou. A quelques encablures de la place Emir-Abdelkader (Alger-Centre), un autre restaurant accueille, lui aussi, quelque 300 personnes chaque soir. Sur les lieux, un peu après le f'tour, on ne trouve que les responsables de l'APC. Ils font du bénévolat après les heures de travail. « Nous recevons quotidiennement un nombre important d'hommes, de femmes accompagnés d'enfants qui viennent de partout pour se restaurer. Nous avons beaucoup d'espace. Donc, nous devons satisfaire tout le monde », indique un responsable. Une salle est réservée aux femmes et deux autres aux hommes. « Nous essayons de faire de notre mieux pour que ces gens soient rassasiés et se sentent comme chez eux », dira un autre employé de l'APC. Dans ce resto, on rencontre aussi des SDF, des mendiants, des maçons, des fonctionnaires, des retraités et aussi des personnes issues d'autres catégories sociales. A Alger-Centre, cinq restaurants privés ont commencé à distribuer des repas aux nécessiteux, deux autres attendent toujours l'aval de l'APC pour ouvrir leurs portes, indique-t-on.