Le nord du Mali avait déjà connu, en mai dernier, un brusque regain de tension entre groupes armés de la région de Kidal, bastion de la rébellion touareg, et l'armée malienne, qui se sont affrontés pendant plusieurs jours. L'amorce de la phase initiale du dialogue intermalien, le 16 juillet prochain à Alger, risque d'être compromise après la reprise, hier, des combats entre des troupes de l'armée malienne et des combattants du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA). Le mouvement rebelle touareg accuse les autorités maliennes d'avoir déclenché en premier les hostilités. «Le MNLA informe (…) que tôt dans la matinée de vendredi 11 juillet 2014 vers 5h (hier, ndlr), l'armée malienne appuyée par des milices dont celles affiliées au Mujao et à Alhaj Gamou, général des forces armées maliennes, en totale violation du cessez-le-feu en vigueur depuis mai 2014, ont lancé une offensive contre les positions des mouvements de l'Azawad à Anefis, proche de Kidal», a dénoncé hier, dans un communiqué posté sur son compte facebook, le porte-parole du groupe touareg, Mossa Ag Attaher. Tout en prenant à témoin «les garants du cessez-le-feu signé à Kidal le 23 mai dernier», Mossa Ag Attaher a soutenu que «les forces de l'Azawad n'ont eu (…) d'autre choix que d'opposer une légitime défense à une flagrante provocation, comme lors de l'attaque du 21 mai dernier contre nos positions». Le responsable du MNLA a ajouté que les combats qui continuaient toujours hier en fin d'après-midi ont déjà fait 35 morts du côté de l'armée malienne et de ses milices. Dans un communiqué publié tôt dans la journée, le gouvernement malien avait soupçonné lui aussi les groupes rebelles touareg de préparer une offensive contre des positions de l'armée malienne. «Des informations concordantes font état de concentrations militaires et même d'avancées des troupes des groupes armés dans certaines localités du nord du Mali», a-t-il indiqué dans un communiqué publié hier par l'Agence malienne de presse (Amap, publique). Aucune précision n'a été cependant apportée sur l'identité de ces groupes armés et leur nombre. Mais pour le gouvernement malien, «de tels actes sont inadmissibles car constituant des violations de l'accord de cessez-le-feu du 24 mai 2014». Des parties chercheraient-elles donc à saborder la rencontre d'Alger ? A Bamako on se contente juste de faire observer que les mouvements de troupes observés ont lieu «à quelques jours de l'ouverture du dialogue inclusif prévu à Alger à compter du 16 juillet». Et comme un malheur ne vient jamais seul, il a aussi été fait état, le même jour, d'affrontements particulièrement violents dans le nord-est du Mali, entre deux groupes armés devant prendre part aux pourparlers d'Alger. Hier, une frange du Mouvement arabe de l'Azawad (MAA) et le MNLA étaient en effet en train de s'entredéchirer. Le nord du Mali a, rappelle-t-on, connu en mai un brusque regain de tension entre des groupes armés de la région de Kidal, bastion de la rébellion touareg, et l'armée malienne, qui se sont affrontés pendant plusieurs jours. Cette tension a fait craindre, pendant un temps, une remise en cause du processus de réconciliation au Mali et un retour à la case départ. Un cessez-le-feu avait été néanmoins obtenu le 23 mai par le chef de l'Etat mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, président en exercice de l'Union africaine (UA). Même si la situation est restée tendue sur le terrain, des pourparlers informels de paix entre les groupes armés et le gouvernement malien ont eu lieu depuis à Alger. Le MAA, la Coordination pour le peuple de l'Azawad (CPA) et la Coordination des mouvements et Fronts patriotiques de résistance (CM-FPR) avaient même signé, en juin dernier, une plateforme préliminaire d'entente visant à trouver une solution définitive à la crise malienne et à travers laquelle ils ont réaffirmé le «plein respect» de l'intégrité territoriale et de l'unité nationale du Mali. Le MNLA, le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA) et le MAA avaient, de leur côté aussi, signé la «Déclaration d'Alger» à travers laquelle ils ont affirmé leur volonté d'œuvrer à la «consolidation de la dynamique d'apaisement en cours et de s'engager dans le dialogue intermalien inclusif». Mais avec ce qui s'est encore produit hier à Anefis et dans le nord-est du Mali, il n'est pas difficile de deviner que l'Algérie a encore beaucoup de pain sur la planche dans le dossier malien.