Cent trois personnes, en majorité des civils, ont été tuées et plus de 700 ont été blessées dans les bombardements incessants, dirigés dans leur majorité contre des infrastructures qui n'ont rien à voir avec les factions palestiniennes armées. Les brigades Ezzeddine El Qassam — la branche armée du Hamas contre lequel le gouvernement israélien prétend mener sa petite guerre, pour détruire sa capacité de tirer des roquettes contre le territoire israélien — sont en tête de liste des groupes militaires à détruire. L'aviation israélienne a déjà mené plus de 1800 raids. Ceux-ci n'ont épargné aucune ville, localité ou camp de réfugiés. Mais ce qui a le plus caractérisé les frappes israéliennes est qu'elles ont ciblé en premier lieu des maisons de citoyens qu'Israël prétend être des chefs militaires. 155 habitations ont déjà été bombardées. Le nombre de maisons endommagées est néanmoins beaucoup plus élevé. Beaucoup de ces maisons ciblées étaient vides au moment de leur bombardement soit parce qu'elles abritent des personnes sachant qu'elles couraient un danger potentiel à cause de leurs activités dans l'une des factions palestiniennes armées, soit à la suite d'un avertissement israélien les sommant de quitter les lieux. Selon des témoins, dans certains cas, un drone (avion espion sans pilote) lance une petite roquette en guise de sommation, suivi cinq minutes plus tard par un bombardement de la maison par un avion de chasse de type F16 à grande capacité destructrice. Généralement, les occupants de la maison, dont des personnes âgées, des enfants en bas âge ainsi que des femmes, n'ont pas le temps de quitter ou de s'éloigner suffisamment de la cible pour être en sécurité. Enfin, les services de renseignement israéliens contactent parfois les habitant par téléphone et leur donnent un ultimatum de cinq minutes pour évacuer leur domicile. Des familles entières exterminées Les bombardements de maisons ont causé la mort de dizaines de Palestiniens. Certaines familles ont été exterminées. Cinq membres de la famille Ghanam sont morts, hier matin, dans le bombardement de leur maison dans le camp de réfugiés de Yebna, à Rafah. La famille El Hadj, à Khan Younes, au sud de la bande de Ghaza, a aussi été décimée dans la nuit de mercredi à jeudi. Huit de ses membres, en majorité des enfants, sont morts, surpris par le bombardement de leur maison. Personne ne leur avait demandé de quitter les lieux. La famille Kawaraa, à Khan Younes, a également perdu cinq de ses membres au premier jour de l'agression israélienne. La famille Hamad, dans la localité de Beït Hanoune, au nord de l'enclave palestinienne, a subi le même sort. Ils étaient six : le père, la mère, le grand-père paternel, deux enfants et une adolescente à avoir trouvé la mort sous les décombres de leur maison pulvérisée par un avion de chasse israélien. Le même drame s'est répété dans les familles Enawasra, Ganane et plein d'autres encore. L'aviation israélienne ne s'est pas suffi d'agresser les citoyens dans leurs domiciles. Neuf jeunes Ghazaouis ayant voulu, mercredi, oublier l'atmosphère de guerre qui emprisonne Ghaza le temps d'un match de football, sont morts dans un raid contre le café dans lequel ils assistaient à la seconde demi-finale de la Coupe du monde opposant la Hollande à l'Argentine. Une vingtaine d'autres jeunes gens ont été grièvement blessés dans l'attaque de ce café, se trouvant sur la côte de Khan Younes. Les journalistes dans la ligne de mire Les journalistes ont eu leur première victime aussi. Hamdi Chehab, un jeune homme travaillant pour un média palestinien, a été tué, dans la nuit de mercredi, lorsqu'une roquette tirée par un drone a fait exploser le véhicule qu'il conduisait en plein centre-ville de Ghaza. L'inscription «Press» en grand sur le toit et le devant de la voiture n'a pas empêché sa destruction, dans un acte délibéré visant à faire peur aux professionnels des médias. Le but non avoué est de cacher la vérité sur le génocide israélien perpétré dans la bande de Ghaza. Les infrastructures sanitaires, les ambulances, les équipes médicales chargées des secours, la protection civile et même les écoles ont constitué des cibles pour l'aviation israélienne qui n'a pas quitté le ciel de la bande de Ghaza depuis le début de l'agression. Parmi les cibles israéliennes figurent aussi des coopératives agricoles, des mosquées et des organismes d'aide humanitaire. A croire que toute la bande de Ghaza et l'ensemble de sa population sont visés par l'armée israélienne. Malgré tous ces raids, les capacités militaires des groupes palestiniens sont restées intactes. Leurs missiles peuvent aujourd'hui atteindre des endroits de plus en plus lointains : Tel-Aviv, Haïfa, El Qods occupée, la centrale nucléaire de Dimona dans le Neguev et autres, des villes ultraprotégées qui généralement, en cas de conflit armé, restaient en dehors du cercle de violence. Aujourd'hui, elles sont devenues les cibles quotidiennes des roquettes palestiniennes. Des sources israéliennes parlent de paralysie de l'Etat hébreu avec près de 5 millions d'Israéliens dans les abris. Crise humanitaire à Ghaza Une crise humanitaire commence à s'installer, puisque le nombre des sans-abri est estimé actuellement à plus de 2000. Ce sont ceux dont les habitations ont été totalement détruites et tous ceux vivant dans le voisinage immédiat. Le souffle des bombes israéliennes endommage généralement tout le carré entourant la maison ciblée. Le deuxième volet de cette crise est la situation que vivent les hôpitaux de l'enclave palestinienne. Le nombre élevé de blessés dépasse de loin leurs capacités d'accueil et de traitement. Les longues et fréquentes coupures d'électricité et le manque de carburant risquent, à la longue, d'entraîner des perturbations dans la distribution de l'eau potable et l'arrêt des stations de pompage des eaux usées. A court terme, cela pourrait menacer la santé des citoyens. Les villes et camps de réfugiés de l'enclave palestinienne qui en cette période de Ramadhan, sont habituellement pleines de vie, se sont transformées en villes fantômes. Les rues sont désertes. Les citoyens ne vont plus sur leurs lieux de travail et limitent au maximum leurs déplacements. Les magasins sont fermés, sauf ceux vendant des produits alimentaires. Les boulangeries sont toujours ouvertes. Malgré cette situation de guerre destructrice, la population palestinienne ne donne pas de signes de panique. C'est vrai qu'avec trois guerres en l'espace de six années seulement, les Ghazaouis ont acquis une énorme capacité de résistance.