Pour le troisième jour consécutif, la vaste opération militaire dont menaçaient les responsables israéliens le mouvement Hamas qui domine l'enclave palestinienne se poursuit. Ghaza. De notre correspondant L'aviation israélienne n'a cessé hier d'effectuer des raids massifs contre la bande de Ghaza. Le bilan qui ne peut être que provisoire, car les raids aériens se succèdent à une cadence infernale, fait état de 320 morts et près de 1500 blessés. Parmi ces derniers, près de 200 se trouvent dans un état critique. La première vague de frappes aériennes israéliennes, dans la matinée de samedi à laquelle ont participé 80 avions de chasse de type F16, qui ont ciblé instantanément près de 40 sièges sécuritaires, fut la plus meurtrière avec plus de 120 morts, en majorité des membres de la police du gouvernement d'Ismail Haniyeh, le Premier ministre du mouvement islamiste Hamas. Israël a pu surprendre le mouvement Hamas, en faisant croire qu'il n'entreprendra pas d'actions militaires avant la réunion du cabinet restreint prévu dimanche, c'est-à-dire une journée après celle choisie secrètement par le gouvernement de l'Etat hébreu pour le lancement de son agression contre l'enclave palestinienne. Les éléments de la sécurité et les policiers dont le général Taoufik Jabr, chef de la police du gouvernement démis, n'avaient pas évacué les sièges sécuritaires, ce qui a entraîné la mort d'un aussi grand nombre d'éléments. Le général Taoufik Jabr, tué dans le siège central de la police, est un ancien officier de l'autorité palestinienne qui gouvernait la bande de Ghaza avant le coup de force armé du Hamas au mois de juin 2007. La violence des frappes israéliennes a été qualifiée par certains Ghazaouis, qui ont vécu la guerre de 1967, comme étant la plus forte depuis cette date. Abou Ahmad, un Palestinien de 67 ans, demeurant dans le camp de réfugiés d'El Chati nous a dit : « Je n'ai jamais quitté la bande de Ghaza et j'ai vécu tous les évènements sanglants de cette région mais jamais je n'ai vu autant d'atrocité et un aussi grand nombre de victimes en un laps de temps aussi court. Les Israéliens deviennent de plus en plus fous, il faut que cela cesse, car ce sont tous les Palestiniens qui sont visés. » La nuit de dimanche à lundi fut celle des bombardements intensifs effectués par des avions de type F16, des hélicoptères de type Apache de fabrication américaine et même des navires de guerre. C'est aussi celle marquée par des drames humains difficiles, inacceptables. La famille Baalousha, habitant le camp de réfugiés de Jabalia, au nord de la bande de Ghaza, était au rendez-vous avec l'horreur. Quatre fillettes et leur mère sont mortes lorsque le toit de la chambre où elles dormaient s'est effondré, ne leur donnant aucune chance de survie. Cette maison a été démolie par le souffle de l'explosion qui a entièrement démoli une mosquée voisine ciblée par un chasseur israélien. Pas moins de 5 mosquées ont été bombardées depuis le début de l'agression israélienne. L'une d'elles est située à moins de 15 mètres de l'hôpital El Chifa, le plus grand de la bande de Ghaza, ce qui a causé des dégâts matériels importants au niveau de cet édifice sanitaire. Dans la région de Rafah, la famille El Aabsi a été endeuillée par la perte de 3 frères âgés de 4 à 14 ans, du fait de la démolition de leur maison au cours d'un autre raid. D'un autre côté, la multiplicité des sites détruits, dont certains ont été bâtis bien avant la création de l'Etat hébreu en 1948, comme le centre sécuritaire El Saraya, a pratiquement changé l'image du centre-ville de Ghaza. Israël a aussi démoli l'Université islamique, non loin du centre-ville, un fief des partisans du mouvement Hamas. Des sièges de ministères dont celui de l'Intérieur, situé dans le quartier résidentiel de El Haoua était au menu des cibles israéliennes de cette nuit sanglante. Des préfectures, des sièges de commune et plusieurs maisons ont aussi été pulvérisés par des bombes destructrices lancées par les avions de chasse israéliens. La convocation de 6500 réservistes et le grand nombre de chars, de blindés et de pièces d'artillerie entassés sur la longueur de la frontière avec l'Etat hébreu font craindre l'imminence d'une vaste incursion terrestre israélienne qui sera beaucoup plus meurtrière que les raids aériens. Les hôpitaux palestiniens de la bande de Ghaza ne pouvant faire face à autant de blessés ne cessent de lancer de véritables cris de détresse. A cause du blocus israélien implacable, ces hôpitaux manquent de tout et les équipes médicales, aussi parfaites soient-elles, ne peuvent aider efficacement ces blessés dont la gravité des blessures requiert des médicaments et des équipements médicaux indisponibles actuellement.