Oran a vécu, hier, une journée des plus mouvementées. Une journée émaillée d'une vive contestation exprimée dans deux rassemblements simultanés par les habitants du quartier populaire « Les Planteurs », qui ont dit leur « indignation après le tirage au sort qui a porté, la veille, sur la distribution de 790 logements sociaux pour les famille résidant sur le tracé de la future ligne du téléphérique. Les protestataires venaient en effet de se voir attribuer, dans le meilleur des cas, des F3. Leur quartier qui abrite quelque 9 000 taudis, est concerné par une vaste opération d'éradication de l'habitat précaire. Le Boulevard Front de mer a été pratiquement, toute la journée d'hier, devant le siège de la Daïra, le théâtre d'un rassemblement d'une centaine de citoyens, en majorité des femmes. Une autre foule, plus nombreuse cette fois-ci, a dû s'amasser devant le siège de la station régionale de l'ENTV. Une manière de réclamer un coup de projecteur de l'unique. Ainsi, les Planteurs veulent dire tout haut leur protesta qui prend visiblement des airs de révolte. Tirage controversé « La sentence sans appel » prononcée à la faveur du très controversé tirage au sort qui s'est déroulé, la veille, dans la salle omnisports, se heurte désormais à l'ire et à la frustration des « futurs relogés » qui devront emménager dimanche, selon la feuille de route des autorités locales en charge du dossier. Un dossier brûlant qui a déjà à son actif des scènes d'agitation faite d'indignation, qui a pris pour théâtre les Planteurs. La foule a, en effet, recouru à la rue qui a faillit basculer à l'émeute si ce n'est l'intervention des brigades anti-émeutes, dépêchées sur les lieux. Les forces de l'ordre ont réussi à contenir une foule surchauffée. Notre visite sur les lieux, dans la matinée d'hier, prête à un climat serein. Mais, pour combien de temps ? L'échéance de dimanche, date retenue pour le rasage de toutes les maisons, laisse plus d'un sur ses gardes. « Pensez-vous que j'accepterai de quitter une maison de cinq pièces pour un F3 ? » Voilà une interrogation formulée par une jeune femme « relogée » que nous avons interrogé et qui donne le ton. A vrai dire, tout a commencé en 2003. Un recensement mené dans ce quartier a déjà été controversé. « Nous sommes 13 à vivre sous le même toit. Deux de mes enfants sont mariés. N'ont-ils pas le droit à un logement ? », râle un des concernés. Le fameux document qui consigne ce recensement a donné lieu à un partage de l'opération en lots. Une première tranche a été affectée, dimanche, au terme d'une séance des plus controversées de tirage au sort qu'a abritée le palais des sports. A peine un premier lot de 390 logements de type F3 a été tiré au sort, que la séance est aussitôt stoppée par une forte contestation. « Pas question d'accepter un F2 ! », pestait une foule presque décidée à en découdre. C'est que, justement, les 400 logements restants sont des F2. « Au total, un lot de 1 235 unités est prévu. Quelque 445 seront livrés dans les dix jours qui suivent. Le reste du quota, soit 765 autres unités, seront affectés vers la mi- août. 1 000 autres logements seront livrés en octobre prochain.