Si l'on annonce, selon le rapport d'évolution des principaux indicateurs de développement socio-économique de la wilaya de Jijel, que le taux de raccordement au réseau d'AEP atteindra 82% en 2014, la dotation en eau potable est un sujet qui fait polémique. Des populations entières sont privées d'eau depuis le début de l'été, pendant que d'autres sont insuffisamment alimentées à partir des réseaux souvent vétustes. Si à Jijel et El Aouana, l'AEP s'est nettement améliorée depuis la mise en service de la station du barrage de Kissir, ailleurs, l'eau est encore une denrée rare. Les promesses de règlement de ce problème sont suspendues à la mise en service des projets de raccordement en aval des barrages de Boussiaba et d'El Agrem pour ce qui est de l'extension vers Taher, après le basculement de Jijel sur le système de Kissir, ainsi que celui de Tabellout, qui est en cours d'achèvement. Or, l'AEP des agglomérations concernées à partir de ces barrages nécessite encore du temps avant la mise en place des infrastructures prévues. C'est le cas notamment du raccordement à partir du barrage de Boussiaba, qui tarde à voir le jour pour permettre l'AEP de plusieurs agglomérations de l'est de la wilaya, notamment celle d'El Milia. Pendant que les travaux du transfert Boussiaba-Beni Haroun sont en cours, le projet d'AEP de cette ville est encore loin d'être réalisé. Les assurances selon lesquelles cette opération est en voie de lancement ne sont plus que des déclarations qui n'ont pas été suivies d'effet. Et pour cause, au mois de septembre 2007, lors de la visite du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à Jijel, une fiche technique du barrage de Boussiaba a été distribuée à la presse à travers laquelle on avait assuré que la ville d'El Milia allait être alimentée en eau, en 2015, à partir de ce bassin. En 2014, soit sept ans plus tard, rien n'a été réglé. Abdelmalek Sellal, alors ministre des ressources en eau et après lui, Hocine Necib, ont fait les mêmes promesses, mais à ce jour rien n'a été entrepris. Entre ce qui a été dit et ce qui se fait, bien du temps s'est écoulé pendant que les projets annoncés demeurent des otages des procédures. En conséquence, c'est toute la ville d'El Milia qui se retrouve confrontée à une situation des plus catastrophiques en matière d'AEP. Les réseaux qui nécessitent une rénovation et une réhabilitation, ne sont plus en mesure de supporter la forte demande de la population. Dans certains quartiers, l'eau est distribuée à raison d'une heure par semaine, pendant que les abonnés de l'ADE les plus chanceux ne reçoivent le précieux liquide qu'une seule fois tous les trois jours. Plusieurs autres villes de la wilaya de Jijel, où l'on reste suspendu aux projets d'AEP à partir des barrages érigés, ne sont pas mieux nanties. Quant aux localités rurales, la situation est encore plus critique. Et dire, selon ce qu'on annonce, qu'on comptera, en termes d'infrastructures hydrauliques, d'ici la fin de l'année 2014, 29 retenues collinaires, 281 réservoirs et châteaux d'eau, ainsi que cinq stations au lieu d'une en 1999 et quatre en 2013.