Un tribunal de Floride a ordonné au cigarettier américain RJ Reynolds Tobacco Company de verser l'incroyable somme de 23,6 milliards de dollars à la veuve d'un fumeur décédé d'un cancer du poumon. Il s'agit d'une somme record pour un seul plaignant dans l'histoire de cet Etat du sud des Etats-Unis. Le verdict a été rendu par le jury du comté d'Escambia après une quinzaine d'heures de délibération, il est assorti de dommages et intérêts s'élevant à 16 millions de dollars que le cigarettier devra verser à la succession du défunt fumeur, Michael Johnson Senior. Le procès a duré quatre semaines au cours desquelles les avocats de Cynthia Robinson, la veuve de M. Johnson, ont fait valoir que RJ Reynolds n'avait pas suffisamment informé les consommateurs des dangers du tabac. Cette négligence serait, selon eux, en lien direct avec le cancer du poumon contracté par M. Johnson, qui était devenu accro à la cigarette et n'était jamais parvenu à arrêter de fumer. «RJ Reynolds a pris un risque calculé de fabriquer des cigarettes et de les vendre à des consommateurs sans les informer convenablement des risques», a affirmé Willie Gary, l'un des avocats de Mme Robinson, dans un communiqué. «Nous espérons que ce verdict enverra à RJ Reynolds et aux autres grands cigarettiers un message qui les obligera à arrêter de mettre en danger la vie de personnes innocentes», a déclaré Me Gary. Comme l'a annoncé J. Jeffery Raborn, l'avocat de la société, RJ Reynolds compte bien faire appel de cette décision. Selon lui, le jugement va «bien au-delà des limites du raisonnable et de l'équité». Le cigarettier est d'ailleurs «convaincu que le tribunal respectera la loi et ne permettra pas que ce verdict fou tienne», a ajouté Me Raborn, jugeant les dommages et intérêts «très excessifs et irrecevables selon les droits étatique et constitutionnel». Avec un demi-million d'Américains tués, chaque année, le tabac demeure la première cause de morts prématurées aux Etats-Unis. Aujourd'hui près de 18% des Américains fument contre 42% dans les années 1960. Quelques jours avant ce verdict sans précédent, la maison-mère, Reynolds American, avait annoncé l'acquisition prochaine de sa rivale Lorillard afin de créer une société capable de conquérir le marché des cigarettes électroniques, dont la croissance vient compenser la chute des ventes des cigarettes traditionnelles.