Agréables senteurs de malouf, samedi soir, à la salle Ibn Khaldoun à Alger à la 21e soirée du Ramadhan. Salim Fergani est venu avec son orchestre offrir un bouquet fleuri de ce chant classique présent dans l'Est algérien, la Tunisie et la Libye, à l'invitation de l'Etablissement Arts et culture. Je veille chaque fois à présenter un programme varié. Surtout que le répertoire du malouf est très vaste. Chaque soirée, j'essaie de présenter du nouveau dans le madih, le malouf, le hawzi, le mahjouz ou le zajel. Notre patrimoine est riche, autant donc en profiter. Il faut qu'on protège notre authenticité et qu'on protège nos artistes aussi», nous a déclaré Salim Fergani. Le chanteur le plus illustre du malouf après son père Cheikh Mohamed Tahar Fergani, a entamé son récital avec un m'dih, Ana be taj al anbia ntwessel, avant d'enchaîner avec Had el ghram ladhi katbtou. Après un istikhbar, il a repris avec soin et finesse Qalbi mdaik lechraa, un qcid en «bit ou syah», comme le veut une certaine tradition. Salim Fergani a puisé une partie de son tour de chant dans la nouba hcine, avant de varier son récital. Salim Fergani a également repris un morceau de la Hadra des Aïssaoua, en hommage à Benaïssa encourageant une dame d'un certain âge à faire des pas de danse à la mode constantinoise. Il a ensuite demandé au public de choisir une chanson. «Je fais toujours de l'improvisation. J'adore le public d'Alger comme celui de Constantine. Les deux publics sont sensibles à tous les genres musicaux, écoutent avec intérêt», a-t-il dit avant le concert. Le public a souhaité écouter plusieurs chansons connues du répertoire malouf, comme Hokm el Bey ou Dhalma. Salim Fergani a choisi l'interprétation de Hokmek el Bey avant de reprendre l'inégalable Ochk El Djara à la demande des présents aussi. Le concert s'est terminé au milieu de youyous et d'applaudissements. Concernant la transmission de la musique malouf, Salim Fergani est quelque peu déçu par la situation actuelle. «Je souhaite qu'il ait une relève. Ce que je veux personnellement, je ne l'ai pas encore vu chez nos jeunes. Il y a un manque de pratique. Il faut protéger le patrimoine et être sérieux d'abord. De plus, certains jeunes ne sont pas reconnaissants. On a beau leur apprendre, ils diront toujours qu'ils ont appris tout seuls. Beaucoup ne maîtrisent pas le jeu de l'instrument. C'est dommage», a-t-il souligné. Salim Fergani a rappelé qu'il a commencé à jouer du oud à l'âge de 16 ans en 1969, aidé par son père El Hadj Mohamed Tahar Fergani. En coulisses, Salim Fergani nous a confié qu'il se préparait à la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015» et a souhaité que les organisateurs s'intéressent aux projets soumis par les artistes. Le lancement de cet événement est prévu à la mi-avril 2015.