Les Reggani, ancêtres de la famille constantinoise, apprécieront à coup sûr. Mais qui du père ou du fils a su rendre grâce aux siens, à travers le parcours accompli ? Les deux assurément. Les Fergani, famille de haute lignée, perpétuent une tradition qui remonte à loin. Cheikh Salim Fergani, ôudiste talentueux, a donné un concert à l'auditorium du complexe Laâdi Flici. Pas besoin pour lui d'imiter son père, Hadj Mohamed Tahar Fergani qui dirige toujours un orchestre.Les Fergani ne font pas dans la demie-mesure. Les six albums, aux titres évocateurs sont Habibek la tensa, Salah Bey, Yabnet el bahdja, sortiront le début d'année prochaine. Le hawzi retrouve sous ses doigts une autre tonalité. Les solos de Salim Fergani ne laissent pas indifférents des mélomanes venus apprécier la touche particulière du maître. Menant avec maestria son orchestre, il s'accompagne de son « oûd arbi », un luth à quatre cordes. Si son père Hadj Mohamed Tahar Fergani a été son principal professeur de chant, Salim Fergani bénéficia, selon un spécialiste, de l'enseignement instrumental de son grand-oncle, Zouaoui Fergani, qui lui a appris l'art de cet instrument exigeant. C'est la forme maghrébine actuelle du 'ûd qadî, liée à des spéculations cosmologiques qui associaient chaque corde aux humeurs, à la température, aux éléments, aux saisons, aux points cardinaux, aux signes du zodiaque, qui est mise en évidence. Le maâlem se trouve, de plus, dans toutes les formes poético-musicales, malouf, zajal, mahjûz et hawzi. Il reste un fervent adepte du compartimentage des genres musicaux. Le zajal est l'un des quatre répertoires interprétés par Salim Fergani plus léger que le malouf. Les autres répertoires sont le mahjûz et le hawzi connus de tout le monde. Salim Fergani est à l'aise dans tous ces répertoires qui comprennent une introduction, un istikhbar et un mawwâl un prélude improvisé. Pour Salim Fergani, tout ceux qui font du malouf pour des raisons mercantiles et en tirent profit, ne sont que des individus à mille lieux de cette musique.