La dernière circulaire ministérielle qui fixe les règles et les conditions d'exploitation des parkings sauvages a été un véritable coup d'épée dans l'eau. Assis sous un parasol à l'entrée du parking de Bouzegza, sur le front de mer de Boumerdès, un jeune d'une trentaine d'années somme un automobiliste au volant d'un Renault trafic de lui verser 100 DA pour le laisser garer son fourgon. «Je vais au café du coin, et je ne tarderai pas à en sortir», lui signifie le chauffeur. En vain. Le parkingueur se montre intraitable et se comporte comme s'il s'agit de son territoire. «Donnes moi 100 DA et fais ce que tu voudras à l'intérieur. Tu peux même y rester jusqu'à demain matin», lui rétorque-t-il sèchement en exhibant des tickets qu'il a lui-même conçus. Le parking en question ne désemplit plus en cette période estivale. Sa capacité d'accueil dépasse les 250 véhicules. L'APC l'a cédé, à titre gracieux, à une vingtaine de jeunes pour une durée de deux ans. Ces derniers, constitués en deux groupes, engrangent des millions chaque semaine, mais aucun centime ne part dans les caisses de la commune. Drôle de gestion ! À défaut de mettre un terme à cette anarchie et ce vol déguisé, les autorités avaient émis des lois qui prônent tout à fait le contraire. Aujourd'hui, si les automobilistes se voient contraints de mettre la main à la poche pour s'offrir une place pour leur voiture lors de leurs déplacements, c'est que le ministère de l'Intérieur en a décidé ainsi. La preuve en est la circulaire émise en novembre 2012 par Daho Ould Kablia dans le but, non pas de réglementer la gestion des espaces de stationnement mais pour acheter la paix sociale. Ladite circulaire a aggravé le problème plus qu'elle ne l'a résolu. À Boumerdès, les 30 parkings sauvages recensés par l'APC dont 14 au centre-ville, 7 à la cité des 800 logts, 5 au lieudit Sahel et 4 à Figuier, ont été cédés pour une durée de deux ans et sans aucune contrepartie à des jeunes n'ayant aucun sens du contact. Certains sont prêts à tout et n'hésitent pas à se bagarrer avec les automobilistes refusant de payer les droits de stationnement, comme ce fut le cas à plusieurs reprises sur le front de mer. Car leur seule et unique motivation reste le gain et non pas la sécurité des biens d'autrui, comme l'exige l'instruction du prédécesseur de Tayeb Belaïz, qui n'a, paradoxalement pas spécifié la catégorie qui devra exploiter ces espaces qui échappent au contrôle de l'Etat. Le choix de ces jeunes a été fait par une commission composée de représentants de l'APC, de la direction des transports et de la police. «L'APC les a autorisés à encaisser 20 DA pour les petites voitures au niveau des quartiers du chef-lieu, 50 DA sur le front de mer et 100 DA pour les bus, mais eux ils exigent 100 DA pour tous types de véhicules, notamment en ce mois de ramadhan. C'est du vol en bonne et due forme ! Où est l'Etat ?», s'indigne un père de famille apostrophé au parking jouxtant le stade olympique Djilali Bounaâma. Ici comme à Figuier ou à Sahel, pas une plaque de signalisation ou autre support n'a été érigé pour indiquer la nature de l'endroit, les horaires et les prix de stationnement comme le stipule la correspondance susmentionnée. Pis encore, les tickets octroyés aux automobilistes ne contiennent aucun cachet et ce sont les exploitants eux-mêmes qui les impriment. Mais cela n'a suscité aucune réaction de la part des autorités. Un employé à l'APC estime le manque à gagner pour la commune à un milliard de centimes par an à cause de cette activité informelle qui est encouragée par les autorités afin de préserver l'ordre public. Même le maire de Boumerdès, M.Aît Si Larbi, se dit «contre la circulaire du ministère de l'Intérieur». Lui comme beaucoup d'autres élus de la région espèrent à ce que les parkings sauvages soient cédés par les collectivités locales aux privés par adjudication.