A près avoir traité Zidane de fou, de vilain, voire de criminel, les médias ont commencé à lui trouver des circonstances atténuantes en mettant l'accent sur la « provocation », dont se serait rendu coupable Materazzi. Qu'a-dit le défenseur italien pour faire sortir ainsi des gonds « l'homme le plus cool de la planète » ? Pour tenter de répondre à la question, reprise en long et en large dans le monde entier, plusieurs médias ont fait appel à des experts en lecture labiale.Ainsi en Grande-Bretagne, The Times, The Sun et le Daily Mail arrivent tous à la même conclusion. « On sait tous que tu es le fils d'une pute terroriste », aurait lancé Materazzi à Zidane. Le Daily Express affirme, lui, avoir appris ces termes insultants via l'entourage de l'équipe de France. D'autres, comme le quotidien sportif espagnol Marca, assurent que c'est la mère du joueur qui aurait été visée. « Il a insulté sa mère et l'a appelée terroriste », titre en une le journal, selon lequel Zidane terminait systématiquement toutes ses récentes interviews par les mots « maman, je t'aime ». « Est-ce à cause de cette insulte que Zidane a pété les plombs ? », s'interroge le journal populaire allemand Bild. « Zinedine Zidane traité de terroriste ! », s'indigne-t-on, via le journal Warta Kota, en Indonésie, plus grand pays musulman du monde où Zidane est adulé. Dans La Gazzetta dello Sport, Materazzi avoue avoir lancé à Zidane « une insulte qu'on s'entend dire des dizaines de fois et qui nous échappent souvent sur le terrain », mais dément l'avoir traité de terroriste. Quoi qu'il en soit, la presse n'est pas loin de retourner sa veste. « Zidane n'a aucune excuse .. et Materazzi non plus », résume Marca qui tente un numéro d'équilibriste. Le quotidien bulgare 24 Hours Daily dédouane, lui, Zidane en estimant que « pour les guerriers du Maghreb, il n'y a pas de pire insulte que celle touchant à la famille et aucun règlement peut empêcher qu'on y réponde ». Le journal tunisien Le Temps affirme dans un éditorial que « si Zidane a donné ce coup de boule, c'est parce que le joueur italien, habitué à la sale ambiance qui règne dans les stades transalpins, a dû lui dire une phrase humiliante ». « Je dis bien humiliante, ajoute l'éditorialiste, car les Arabes ont trop longtemps été humiliés. Et l'histoire, si elle a un jour le courage de dénoncer Materazzi, donnera raison à ce magicien du ballon. » Pour le quotidien russe Sovietskiï Sport, « la provocation de Materazzi contre Zidane a sali la victoire de l'Italie ». Même la presse italienne rappelle que Materazzi est coutumier des provocations et des bagarres. « Les adversaires se plaignent souvent de son jeu violent », raconte notamment La Stampa. Parallèlement, de plus en plus de médias affichent leur sympathie pour Zidane. Certains estiment même que son coup de sang, loin de ternir son image, le fait au contraire entrer définitivement dans la légende. « Si quelqu'un avait des doutes sur le fait que Zidane était un des meilleurs joueurs de l'histoire du football, après la finale on n'en a plus ! », écrit notamment le quotidien populaire russe Komsomolskaïa Pravda. Et d'ajouter : « Seul un héros épique, un titan, un Hercule pouvait partir comme ça. »