Materazzi a dit à Zidane des mots qui blessent. Il lui a insulté sa mère. Il l'a traité de terroriste. Il l'a attaqué sur ses origines algériennes. Les commentaires de la presse étrangère et des personnalités du monde sportif commencent à mieux cerner ce qui a suscité le geste fatidique de Zizou. La 18e édition de la Coupe du monde a pris des allures mélodramatiques pour son dernier match, le soixante-quatrième. Un homme, le défenseur italien Marco Materazzi, a tenté de monter son coup – de tête – pour ravir le trophée et il a réussi à le faire apparemment. Il est le provocateur du penalty sur Malouda qui amena le but français signé d'une Panenka par Zidane ; il est l'égalisateur d'une tête dans les airs sur un corner de Pirlo et il est de nouveau l'instigateur de l'expulsion de Zizou à quelques minutes de la fin de la prolongation. Materazzi aura, à lui seul, incarné ce foot italien comédien, calculateur, attentiste, provocateur, réaliste surtout et chanceux malgré tout. Au bout du rouleau, physiquement et nerveusement, Zizou a eu ce coup de sang qui prouve qu'il reste après tout un être humain et non un dieu. L'hommage que lui a rendu le président Chirac à la fin du match et à travers lui toute la France et la planète entière, remet en place ce dérapage non contrôlé de la star française qui confia qu'il n'a aucun regret à refaire ce (vilain) geste, même en finale de Coupe du monde. La Mama est sacrée et l'on n'y touche pas, n'en déplaise aux spirituels et adeptes du Karcher dans les cités. La réponse de Zidane à la provocation de Materazzi symbolise cette réaction épidermique que chacun peut avoir, à tout moment, lorsqu'il s'agit de protéger son honneur. Aussi géant qu'il soit. Il faut reconnaître que la fête a été un peu gâchée par cette sortie de Zizou, ces sifflets du stade de Berlin pour des Italiens, eux-mêmes secoués, chez eux, par le plus grand scandale footballistique du siècle.