Rémy Jouty, directeur du Bureau d'enquête et d'analyses (BEA), un organe chargé de l'enquête de l'aviation civile en France, a déclaré, hier à Europe 1, qu'«un premier scénario du crash pourrait être livré dans quelques semaines». Et de poursuivre : «S'il n'y a pas de problème de données erronées ni d'incohérences, ces données pourront bientôt livrer des éléments, c'est une question de jours, cela peut être rapide. Le travail sur la lecture de l'enregistreur des conversations, lui, est toujours en cours, parce qu'il est un peu plus endommagé. Concrètement, dans le cas de cet accident, l'enregistreur des conversations est à bande magnétique. La bande a été très fortement compressée pendant le crash. Elle est froissée par endroits et a été rompue à d'autres. Donc, il faut reconstituer cette bande avant d'essayer de la lire. J'espère que ce sera une question de quelques jours, mais s'il y a des difficultés, cela peut être beaucoup plus long. Le BEA réussira à avoir les données qui sont nécessaires pour tout comprendre.» Pour M. Jouty, «l'urgence est ce qui existe sur les enregistreurs parce qu'il s'agit d'un enregistrement unique qui se trouve à bord de l'avion, alors que les conversations sont des systèmes informatiques qui sont au sol, donc il n'y a pas de souci sur le fait que ce soient des enregistrements qui sont sauvegardés». Par ailleurs, le contrôle aérien du Burikna Faso indique, à partir de ses images radars, que l'appareil (MD-83) a essayé d'éviter un orage, mais qu'il a chuté en quelques minutes. «C'est lorsqu'il a commencé à revenir sur son itinéraire qu'il s'est retrouvé piégé par un cumulonimbus», affirme le chef d'état-major général burkinabé de l'armée de l'air. Il ajoute que «le pilote a peut-être pensé qu'il l'avait complètement évité et a voulu revenir sur la droite afin de reprendre son itinéraire initial. Et c'est en faisant cette manœuvre, à ce niveau, que l'accident est arrivé», soutient-il au micro de RFI. En quelques secondes, l'appareil a perdu 2500 m. «Le dernier contact a eu lieu à 1h47. Le témoin nous a donné une heure approximative de 1h50, c'est-à-dire qu'il a chuté de 10 000 mètres d'altitude à zéro, en trois minutes à peu près», estime le responsable burkinabé.Les images radar ont été envoyées aux enquêteurs. L'enquête est menée en France par deux juges du Tribunal de grande instance (TGI) de Paris, épaulés par le Bureau d'enquête et d'analyses (BEA).Pour rappel, le crash du vol Ouagadougou-Alger AH 5017 est survenu dans la nuit du 23 au 24 juillet, au nord du Mali.Mehdi Biskri