Squats, absence de sanitaires et de douches, pas de parkings sécurisés et d'aires de jeu… les plages de l'ouest d'Alger ne disposent pas des commodités dont ont parlé les autorités lors de la dernière session de l'APW. Les membres de la commission du tourisme de l'Assemblée, conduite par Madjid Lamdani, ont découvert le pot aux roses en inspectant certaines plages du littoral ouest. Les services dont devrait bénéficier l'estivant (sanitaires, douches, aires de jeu, etc.), brillent par leur absence ou sont payants. Il en est de même de l'hygiène qui est inexistante, des égouts se déversant à la mer, des stations de relevage et d'épuration non fonctionnelles dans cette partie du littoral algérois. Première halte des élus : les plages de Zéralda. Une faune de «concessionnaires» illégaux a fait main basse sur ces plages où la présence des services de sécurité, plus invisibles que visibles, n'est guère dissuasive. L'APC a cédé la gestion des toilettes et des douches à un «cas social» qui en monnaie l'accès contre le paiement de 30 DA. Un vice-président de l'assemblée s'est efforcé d'affirmer, sans trop convaincre, que le mois de Ramadhan est une saison où l'affluence a baissé, contraignant l'APC à désinstaller la douche qui reprendra du service rapidement. Autre désagrément, des fosses septiques jamais vidées par les services de Seaal, menacent la santé des familles, installées à quelque deux mètres des sanitaires ou de ce qui en tient lieu (des baraques placées sur des châssis en fer). Le phénomène qui a fait monter sur leurs grands chevaux les élus, c'est la «concession de fait» : les jeunes, qui plantent leurs parasols sur le moindre empan de la plage, «prennent» entre 800 et 1500 DA pour chaque «kit» (parasol, table, chaises). Guère disposés à se laisser intimider, ces jeunes, la vingtaine vigoureuse, assurent qu'ils sont «responsables» de la sécurité des familles et du nettoiement des lieux. «Sans les jeunes du secteur, l'endroit ne sera plus accessible, comme il l'a été durant plusieurs années. C'est nous qui sécurisons cette plage et qui la nettoyons à nos frais. L'APC, qui refuse de nous accorder les autorisations (concession) ne peut pas nous faire partir de là», disent en substance des jeunes. L'APC a fait deux réquisitions et les services de sécurité (gendarmerie), qui n'arrivent pas à interdire les pratiques illégales, «sauf à mettre en permanence un escadron sur place», ont saisi des chaises. Sans plus. Projet chimérique Les élus étaient étonnés de découvrir qu'à la plage Makhloufi, le projet (camp de toile), annoncé comme réalisé par le directeur du tourisme himself, n'a pas été lancé. L'espace sur lequel l'investisseur «algérien installé à l'étranger» devait réaliser son projet est un terrain vague. A Azur Plage, Palm Beach (Staouéli), ce sont les mêmes phénomènes qui se répètent : squat des plages, déversement d'égouts, parkings payants (200 DA), insécurité, etc. La station de relevage de la Seaal à Palm Beach ne serait pas fonctionnelle, une mare d'eau stagnante s'est formée d'ailleurs. L'APPL, chargée de l'analyse de l'eau, s'en lave les mains. L'insécurité a obligé la gendarmerie à renforcer son effectif sur les plages de Staouéli, nous assure-t-on. La plage de Sidi Fredj n'est que l'ombre de son illustre passé. «Les jeunes gèrent, sans craindre aucune autorité», une plage dont même les accès en bois ont été aménagés par les squatteurs. A Aïn Bénian, ce sont des centaines de poules mortes, jetées dans le lit de l'oued Beni Messous par un éleveur, qui obstruent une partie de la plage El Bahdja, malgré l'installation de la STEP. «Les autorités, qui ont décidé de la fin des concessions, doivent assumer leur responsabilité en sécurisant les lieux. La concession est interdite cette année encore dans la capitale. Les jeunes ne doivent pas imposer leur diktat. Une solution est pourtant possible : permettre la reprise de la concession (loi n° 03-02) et tout le monde trouvera son compte. Les jeunes, mais aussi l'APC qui fera renflouer ses caisses. Avec 100 chaises à 1000 DA par jour, ce sont des sommes considérables qui échappent à l'Etat», s'indigne Lamdani, président de la commission de l'APW, qui compte visiter des plages du centre et de l'est d'Alger. On assure que tant que le Plan d'aménagement touristique (PAT) ne sera pas adopté à Alger, rien de vraiment sérieux n'est à attendre des autorités qui font dans le tape-à-l'œil pour «relancer» le tourisme local. «L'ouverture des offres est en cours», se contente-t-on d'affirmer en citant le PDAU qui aurait retardé, semble-t-il, la mise en place de cet instrument déjà appliqué dans toutes les autres wilayas du littoral du pays.