Abdellah Djaballah, président du mouvement El Islah, a introduit un recours auprès du Conseil d'Etat. Il espère que cette haute institution corrigera l'erreur « monumentale » commise à leur encontre par le juge de la chambre administrative de la cour d'Alger. « La décision de justice gelant les activités du bureau national ainsi que les avoirs du parti est injuste. Brahmi Louanes, le juge ayant traité cette affaire, n'a pas été neutre, il a pris position en faveur de la partie adverse alors qu'il n'a même pas pris la peine de consulter les documents présentés par nos soins. Ce juge a déshonoré le corps de la justice algérienne », a lancé M. Djaballah lors d'une conférence de presse animée hier à la maison de la presse Tahar Djaout. Le conférencier, tout en s'abstenant d'avancer les noms des personnes qui ont instruit cette affaire, avouera haut et fort que cette décision est « politique » donnée sous un habillage juridique. « Aujourd'hui, j'ai décidé de sortir de ma réserve pour donner les détails de cette affaire ainsi que les actions que nous avons engagées dans ce sens. Toutefois, au moment opportun, nous divulguerons les noms des personnes qui sont derrière cette cabale. Aujourd'hui, nous dénonçons beaucoup plus les pratiques du juge », dira M. Djaballah, qui a refusé, en outre, de s'étaler sur les motifs ayant poussé justement ce juge à adopter cette attitude. « Pour l'heure, nous ne voulons pas polémiquer sur cette question. Nous voulons tout simplement que la justice répare son erreur. Il reste que nous ignorons si le juge a agi de la sorte en obéissant à des ordres, ou bien par méconnaissance des lois de la république. Cependant, cette dernière hypothèse ne tient pas trop la route », a soutenu M. Djaballah. Le leader d'El Islah se dit, par ailleurs, persuadé que le conflit qui l'oppose à une dizaine de dissidents de sa formation reste interne au parti et ne relève nullement des prérogatives de la chambre administrative, qui est incompétente en la matière. L'orateur a tenu à rappeler que le ministère de l'Intérieur s'était déjà déclaré non concerné par cette affaire, en ce sens qu'elle est interne au parti et qu'il appartenait à ses dirigeants d'appliquer les dispositions du statut conformément aux articles 17, 22, 36 et 37 de la loi sur les partis politiques. Pourquoi donc le juge n'a-t-il pas pris en considération ces éléments ? s'est interrogé M. Djaballah, tout en précisant que la chambre administrative n'est pas spécialisée dans ce type de conflit, mais plutôt dans les conflits où l'Etat est partie prenante. Néanmoins, ce qui a intrigué et indigné M. Djaballah, c'est le fait que les dissidents aient pu obtenir aujourd'hui gain de cause auprès de la justice, ce qui n'est pas le cas de certains d'entre eux, « à l'instar de M. Boulahiya qui a été contraint par la même justice à restituer le cachet en sa possession ainsi que certains autres documents ». Par ailleurs, M. Djaballah a tenu à alerter et à saisir l'ensemble des concernés quant à cette affaire. Il a remis en premier lieu une plainte au ministre de la Justice lui demandant l'examen du dossier afin de rectifier l'erreur du juge de la chambre administrative de la cour d'Alger. Un autre document a été remis au chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, au ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales et au Conseil d'Etat. Dans la foulée, le conférencier a démontré que la décision de justice est nulle. « Nous avons pris connaissance du document à travers notre avocat et non via un huissier de justice. Dans le document, il n'est même pas mentionné la fonction de M. Djaballah ni le compte des avoirs que l'on nous demande de geler. Tant que la décision n'est pas claire, nous ne pouvons pas la prendre en considération », a soutenu M. Djaballah, qui a tenu à justifier sa démarche vis-à-vis de la révision de la Constitution. « Nous avons toujours lutté pour la révision de la Constitution et nous avons de tout temps donné notre point de vue sur les différentes constitutions. Nous avons été contre certains articles introduits dans la loi fondamentale de 1996, mais pour le moment, nous n'avons pas encore donné notre avis parce que nous n'avons pas encore pris connaissance du contenu des amendements du nouveau projet », fera remarquer M. Djaballah. Par ailleurs, le conférencier a annoncé la tenue prochaine du congrès du parti. Le conseil consultatif se réunira incessamment pour arrêter la date du congrès, prévu probablement pour le mois d'août ou de septembre.